Discussions et questions-réponses concernant ASL > AAR - Parties d'ASL commentées
INOR CGIII - Flanking the Maginot line>
Lionel62:
--- Citation de: Hill621 le 19 Décembre 2021, 20:52 ---Mais si ! Il m'en reste 1 !
Merci Lionel, tu viens de redonner une petite chance supplémentaire aux allemands pour tenter de l'emporter.
Je me lance néanmoins un challenge : dépasser la ligne de front atteinte fin mai 1940 IRL.
--- Fin de citation ---
Cela me semble un bon challenge !
Il faut ramener le front sur la route Inor - Malandry. C'est faisable il me semble.
Lionel
Hill621:
--- Citation de: Lionel62 le 19 Décembre 2021, 21:01 ---Il faut ramener le front sur la route Inor - Malandry.
--- Fin de citation ---
CHEF, OUI ! CHEF ! :teuton:
Hill621:
Jetzt oder nie.
*****
Inor, le 27 mai 1940
L'Hauptmann Ziegler s'affairait à ranger les cartes qu'une dernière fois il venait de consulter avec les 3 autres commandants de compagnie. Dans la pièce principale de la ferme de Soiry, l'Oberst Richtenburg avait clôturé sa conférence d'état-major sur ces mots : "c'est maintenant ou jamais".
A peine avait-il échangé quelques mots avec ses homologues que Ziegler reprenait le chemin de la première ligne. Quinze minutes plus tard, après avoir traversé furtivement les bois et rampé pendant quelques dizaines de mètres à découvert, il se laissait tomber dans le pli naissant du ruisseau du fond de la Noue, à l'endroit où le ru laissait couler ses premières larmes avant d'aller grossir le cours de la Meuse (UU31). Il enfonça les talons de ses bottes crottées dans la terre meuble, empoigna ses jumelles et scruta les positions françaises proches à travers la grisaille de l'aube. Le bois qui s'étalait sur une centaine de mètres de large en face de lui abritait les premières lignes françaises : au moins deux sections en assuraient les accès Nord et Est, tout en gardant la D964 sous le feu de leurs mitrailleuses (7 squads, 1 leader, 2 MMG et 1 LMG). Derrière lui, l'observateur d'artillerie du bataillon, allongé derrière un arbre, active le laryngophone de son DKE 38 : une batterie de 105mm doit prendre pour cible le cimetière en contrebas et clouer ses défenseurs.
Ziegler porte les yeux sur sa Hanhart, une magnifique Calibre 40 que lui avait offerte son épouse en décembre 1939 pour leur 5 ans de mariage. Les secondes s'égrènent avec une infinie lenteur vers l'heure convenue pour l'assaut. Ziegler pince soudain le canon de son sifflet avec les lèvres. 6h00. C'est maintenant.
La section qui s'étire sur sa gauche et sa droite ouvre le feu simultanément. En face, les balles font gicler la terre sur le bord de la tranchée française et déchiquètent les branches basses des arbres. Des cris d'alerte, puis de panique se succèdent dans le camp ennemi. Des obus fumigènes libèrent leur voile pudique sur l'extrémité Ouest des tranchées ennemies. Ziegler se redresse, lève la main droite et ordonne aux Grenadieren de la deuxième section de lancer l'assaut sous le tir de couverture de leurs camarades. Les hommes s'élancent sur le terrain nu. Une centaine de mètres à parcourir sous le regard de l'adversaire. Abasourdis et aveuglés, les français peinent à ajuster leur tir. Quelques hommes craquent cependant.
Au pied de la pente, Ziegler peut apercevoir des hommes de la 4ème compagnie de son ami Brünner qui se ruent sur les lignes françaises : une section, menée par un hardi sous-officier, parvient à gravir la pente et menacer directement le flanc gauche de la position prise d'assaut par Ziegler. La première phase de l'attaque se passe comme prévu. Les tirs de suppression ont été particulièrement efficaces.
*****
Le caporal-chef Bonhomme rêvassait dans le fond de sa tranchée abritée derrière le mur d'enceinte du cimetière. Revenu la veille au soir de l'hôpital militaire où sa hanche et sa commotion avaient rapidement été prises en charge, il pouvait se targuer d'avoir de la chance. Son vol plané contre le monument aux morts, le 23 mai dernier, aurait pu lui être fatal. Mais plus de peur que de mal, et les médecins l'avaient laissé repartir après 3 jours de repos. Sa hanche le faisait certes encore souffrir, mais peut-être était-ce simplement le résultat des fougueux coups de reins dont il avait gratifié l'infirmière de l'hôpital militaire. Bah, il fallait bien que jeunesse se passe, et qui pouvait dire de quoi le lendemain serait fait.
Pooooof... Pooooof !
Le capo-chef reconnût sur le champ le bruit caractéristique des obus fumigènes, PhF. Sautant immédiatement sur ses pieds, il aperçoit sans peine les colonnes de fumée qui commencent à s'élever dans le cimetière même et sur la gauche.
Coups de sifflets. Les boches attaquent à nouveau.
Bonhomme hurle ses ordres. Les 40 hommes placés sous son commandement se mettent en position : une vingtaine demeure dans les tranchées tandis que les autres se pressent contre les murs pour stopper l'attaque ennemie. Après les coups de sifflets distinctement perçus par le caporal-chef, ce sont des ordres beuglés en allemand qui lui parviennent aux oreilles. Des grenades explosent près de l'entrée du cimetière. Des appels à l'aide se font entendre. Bonhomme rassemble un groupe à grands renforts de menaces et se lancent à l'assaut. Dans le cimetière, une indescriptible mêlée voit casques Adrian et Stahlhelm se mélanger. Dans un premier temps, les allemands sont repoussés avec pertes et fracas, mais l'ennemi arrive toujours plus nombreux. Soudain, une salve d'obus d'artillerie tombe dans le dos du caporal-chef et de ses hommes. En même temps, les tirs d'armes lourdes criblent les tombes d'éclats. Plusieurs soldats sont blessés. Les autres baissent la tête ou la perdent. Bonhomme ne peut empêcher ses hommes de flancher : la capture est proche, les boches sont partout. "Foutons le camp !" hurle t-il à la cantonade. Lui-même tourne les talons et saute par-dessus le mur Sud du cimetière. La fuite désordonnée se transforme rapidement en véritable boucherie : les soldats ne peuvent trouver leur salut qu'en bravant le bombardement de l'artillerie allemande. Dans leur course effrénée contre la mort à travers les arbres fruitiers, les hommes rencontrent des centaines d'éclats de métal et de bois qui les transpercent comme de vulgaire feuille de buvard. Lorsque Bonhomme atteint enfin le bosquet d'arbres après le cimetière et qu'il se jette au pied d'un tilleul centenaire, il est seul. Tremblant, les yeux exorbités par la peur, sa gorge laisse échapper quelques borborygmes avant qu'il ne sombre dans un profond sommeil (DR12 au ralliement et wound severity dr 5).
Soigné dans un hôpital de campagne allemand, le caporal-chef se remettra de ses blessures subies au front de longs mois après . Profondément affecté par la défaite de la France, il intègrera le Parti populaire français en 1941 et rejoindra la LVF l'année suivante. Il combattra sur le front de l'Est et comptera parmi les derniers défenseurs de Berlin en 1945 où il disparaitra sans laisser de traces.
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Köhler et Priem commandent tous deux une compagnie du IIème bataillon de l'nfanterie-Regiment 196. Ces dernières semaines, ils ont eu tout le loisir de s'accoutumer aux dangers et aux mauvaises surprises des combats dans les bois d'Inor. Depuis deux jours, ils ont chacun reçu des renforts leur permettant de compléter les effectifs de leurs unités respectives.
La mission qui leur a été confiée par Georg Braun est de s'emparer de la route Inor-Malandry qui traverse les bois, et de pousser au sud de cette artère, si possible en coiffant la côte 326.
Les reconnaissances menées depuis la veille font apparaitre que les français ont changé littéralement de stratégie : plus de points d'appui fortifiés, mis à part à la sortie Ouest des bois, mais une ligne sans cesse changeante de groupes de légionnaires mobiles et aguerris. Insaisissables, ces groupes, de la taille d'une section, arpentent les bois en changeant constamment de position, s'apportant soutien les uns aux autres. Ainsi, aucune patrouille de reconnaissance n'a été à même de s'enfoncer de plus d'une centaine de mètres au sud de la route principale. Ni Köhler ni Priem ne savent se qu'ils vont trouver en face d'eux.
Ensemble, ils ont mis au point une tactique qui devrait leur permette de remplir leur mission : les compagnies seront scindées en trois groupes distincts, espacés d'une cinquantaine de mètres. La progression s'effectuera furtivement en une ligne disciplinée, précédée par quelques éclaireurs. Au premier contact, la section adjacente joint ses forces et bouscule l'ennemi, quel qu'en soit le prix. La percée effectuée doit aussitôt être exploitée avec tous les moyens disponibles à proximité. Audacieux et risqué si l'ennemi est en force, mais rien ne semble indiqué que les français se soient renforcés ces derniers jours.
6h00. La progression débute. A l'arrière, quelques groupes finissent de nettoyer les tranchées abandonnées par les français, au cas où. La route de Malandry est atteinte à ses deux extrémités : la jonction entre les compagnies est faite quelques minutes plus tard en son milieu. La colonne blindée qui doit enfoncer le flanc des français dans le village d'Inor déboule sur l'asphalte : des motocyclistes précèdent des automitrailleuses et 3 Panzer. La poussée continue. Sur la gauche de la 1ère compagnie, des légionnaires s'opposent aux Grenadieren : une fois le contact établi, les soldats de Priem se lancent en corps-à-corps et éliminent leurs adversaires, non sans subir des pertes. Mais le reste de la section française semble perdre pied. Une course s'engage : d'un côté les légionnaires tentent d'échapper à la capture ou la mort, de l'autre les Grenadieren cherchent à les déborder. Priem poussent ses hommes toujours plus à travers les arbres, sans considération des risques. La côte 326 est conquise en pleine poursuite. La 1ère compagnie exécute alors un mouvement tournant vers l'Ouest, dans le dos de la défense française que Köhler s'emploie à coller pour l'empêcher de détaler trop vite.
Les français sont en pleine déroute. La côte 321 semble à portée de main.
*****
L'adjudant-chef Vitry est tendu. Il se sentait plus à l'aise à défendre des tranchées bien aménagée que de jouer au chat et à la souris dans ses bois humides. Les hommes sont fatigués. Le rata n'est même pas parvenu à eux ce matin. C'est pire qu'en 38. Au moins en Espagne, on pouvait manger sur le terrain et la populace aidait les combattants étrangers, En tout cas républicains. Tout ça pour ça.
Le juteux sursaute. Des coups de feu éclatent sur sa gauche. Les gars placés en sonnette.
"Hostia puta ! Ils remettent ça !"
Durant la dizaine de minutes qui s'ensuivent, Vitry tente d'extirper sa section des griffes des allemands. Ce n'est plus un champ de bataille, mais un champ de courses ! Cinq cent mètres les séparent du dernier point d'appui sur la route forestière (UU45). Cinq cent mètres à faire le coup de feu. Cinq cent mètres à tenter de rallier les hommes. Cinq cent mètres à suer pour épargner le sang de ses soldats. Mais Vitry est un dur et ses hommes sont coulés dans l'acier. Un petit groupe d'allemands atteint la lisière de la clairière sur la droite française pour se faire cueillir par un mortier de 60. Vitry envoie ses hommes contourner les marauds et les fait capturer.
Derrière lui, un feu nourri éclate : les allemands viennent d'atteindre la ligne de tranchée qui protège l'accès à la côte 321. Ils ne la prendront pas aujourd'hui.
L'adjudant-chef Vitry n'acceptera pas la défaite de 40. Il quittera l'armée avec pertes et fracas, refusant de collaborer et de rejoindre l'armée de Vichy. En 1941, il rejoint les rangs de la résistance grecque puis parvient à s'embarquer pour la Crète. Parfaitement anglophone, il est incorporé dans un régiment sud-africain et se bat en Libye contre les troupes de Rommel. Son expérience des combats l'amène à se faire coopter par les forces spéciales britanniques, les SAS, au sein desquelles il poursuit sa chasse aux fascistes. Il débarquera en Sicile, puis mènera des opérations en Italie où il terminera la guerre. Dès décembre 1945, il gagne l'Indochine en tant que lieutenant du 3ème REI et participe à la création de la première compagnie parachutiste de la Légion. Blessé à deux reprises, il combattra néanmoins en Algérie avant de prendre sa retraite dans le Lubéron. La légende dit qu'il aurait laissé autant de descendants à travers le monde que de campagnes auxquelles il a pu participer.
Hill621:
La section motocycliste de Heller a de la chance de pouvoir participer à cette dernière offensive. L'artillerie française l'avait grandement malmenée (D4) et l'Unteroffizier Heller pouvait s'estimer heureux d'avoir eu la vie sauve lors de cette effroyable montée au front.
Malgré les pertes, il avait conservé la tête de la colonne blindée qui devait surprendre la défense française en déboulant de la route de Malandry sur le flanc droit des français. L'attaque devait coïncider avec l'entrée des Grenadieren dans le village par la route principale. La synchronisation des deux assauts devait permettre de bousculer les défenseurs et leur couper toute retraite.
Les arbres défilaient à toute allure de chaque côté de la route forestière. Des Grenadieren, certainement des 1ère et 2ème compagnie de l'nfanterie-Regiment 196. Les automitrailleuses soutenaient le rythme mais les Panzer I et II étaient quelque peu distancés. Mais les délais devaient être respectés.
La pâle lueur du soleil levant transperce la cime des arbres du bois d'Inor. La route amorce un virage sur la gauche. Sortie des bois. Le vacarme de la bataille saute aux visages crasseux des motocyclistes. Encore un virage à gauche cette fois-ci. Soudain, des obus de mortier se mettent à pleuvoir sur le bitume. Le motard de tête fait une embardée, rapidement imité par son camarade qui lui suce le pneu. Heller traverse la dernière rangée d'arbres, dépassant la section lourde de la 3ème compagnie qui met en place mortier et mitrailleuses à la sortie de la forêt.
Une Spähwagen 221 poursuit sa route vers le sud en empruntant un chemin de terre et en mitraillant la lisière des bois, infestés de soldats français. Plusieurs d'entre eux s'enfuient dans la profondeur des bois. Soudain un claquement sourd retentit dans le prolongement du chemin : un anti-chars a pris l'automitrailleuse pour cible. Coup au but ! Le véhicule s'immobile. Des flammes s'échappent d'entre les faibles plaques de blindage. L'équipage semble avoir été neutralisé par l'explosion.
Le canon est aussitôt pris à partie par la section lourde en retrait. Le traitement de la cible est rapide et efficace : obus de mortier de 50 et par une pluie de balles de 7,92.
Une seconde automitrailleuse remonte la pente, dépasse l'épave fumante et se positionne dans l'axe du chemin, criblant les arbres d'obus de 20 et de rafales de mitrailleuse.
Dans le même temps, un autre mortier français s'est dévoilé face à la horde de Hells Angels teutons ! Les pneus crissent sous la pression des freins. Les motocyclistes giclent dans les buissons alentours, tout en mitraillant les soldats français planqués parmi une ligne de tilleuls à flanc de colline (S43-W41).
En atteignant la ligne de crête, les motocyclistes allemands ont la surprise d'apercevoir deux escouades de leurs homologues français pétaradant dans la verte. Hasard de la guerre. Les Grenadieren ne prennent pas le temps de s'extasier sur les magnifiques Terrot 500 et défouraillent à la volée. Les français démontent en catastrophe et se mettent à courir vers la rangée d'arbres.
*****
Le sous-lieutenant Bureau son affectation à la compagnie motocycliste à sa passion des deux roues. Dans le civil, il concourait régulièrement sur une FN M86S, un bijou de mécanique.
Suivis par deux automitrailleuses AMD 35, Bureau et sa vingtaine d'hommes entrent en trombes dans Inor en provenance de Martincourt-sur-Meuse. Les combats font rage à la sortie Nord du village mais le sous-officier qui fait signe de s'arrêter lui signale que des Panzer traverseraient le bois d'Inor pour le prendre de flanc. Le sous-lieutenant ordonne à son groupe de tourner sur la droite après la rue d'Olizy pour remonter vers la côte 321 tandis que les Pan-Pan se glisseront à travers les jardins pour se poster à l'Ouest de la carrière et arrêter les blindés allemands.
Les motocyclettes empruntent le chemin poussiéreux et gravissent la pente avec difficulté. Arrivés presqu'à son sommet, Bureau aperçoit un véhicule blindé léger allemand en feu à une centaine de mètres. D'un signe, il fait stopper net son groupe, puis d'un moulinet de la main ordonne de rebrousser chemin pour rejoindre la position d'un canon anti-chars de 47 en embuscade dans une lignée d'arbres en surplomb de la route de Malandry.
Alors qu'ils traversent le champ qui les sépare de la position assignée, les motards sont pris sous le feu d'armes individuelles : le réservoir de la motocyclette du sous-lieutenant est transpercé par une balle tandis que la plupart de ses hommes mettent pied à terre pour riposter au tir nourri. Une partie de la section part en déroute vers le bosquet tandis que Bureau et le reste de ses hommes se ruent sur les allemands désormais proches : un bref combat rapproché repousse les boches qui se retranchent à l'extrémité Est du bois.
Le sous-lieutenant et ses hommes subissent des tirs croisés en provenance des maisons situées au nord de la route de Malandry. Qu'à cela ne tienne, cela ne fait que renforcer sa détermination et sa combativité (HoB, BH et Heroic !).
Les Pan-pan ne sont pas en reste et neutralisent deux Panzer II qui dévalaient la route vers Inor.
Grâce à son intervention et à la présence des deux automitrailleuses, les pointes avancées allemandes ont été stoppée net : l'accès à Inor est bloqué !
Le sous-lieutenant Bureau sera fait prisonnier quelques semaines plus tard et envoyé dans un Oflag en Allemagne. Ses compétences en mécanique le feront remarquer par un autre passionné de deux roues qui le recommandera pour intégrer l'usine Zündapp à Nüremberg. Il y travaillera jusqu'à l'issue de la guerre, en ayant la chance de collaborer avec l'illustre Richard Küchen. Il intègrera même l'équipe dirigeante après-guerre et deviendra responsable du recrutement, fonction qui l'amèneront à mettre au point une technique pointue de gestion des talents, reprise aujourd'hui par la plupart des grandes multinationales.
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A la 4ème compagnie a été confiée la délicate mission de s'emparer du village d'Inor, à commencer par son cimetière, déjà théâtre de furieux combats durant les semaines précédentes. Certes, l'action de contournement de la 3ème compagnie de Ziegler doit lui faciliter la tâche, mais Brünner n'en sous-estime pas l'ampleur.
Une section de mortiers de 81 lui a été allouée pour prodiguer un soutien direct à ses hommes, mais il peut aussi compter sur un appui d'artillerie massif, du 105 et du 150mm. Alors pourquoi pas. Mais il va falloir jouer serré et se symchroniser avec la compagnie voisine.
A 6h00 précisément, les obus de 150mm survolent les premières lignes et vont s'écraser sur le village. Brünner a convenu avec l'officier d'artillerie que la cible prioritaire devrait être le château d'Inor, et ce afin de désorganiser les arrières de l'ennemi. La batterie de 105 devait neutraliser les défenseurs du cimetière.
Les débuts de l'assaut sont prometteurs. Brünner esquisse un sourire goguenard. "A moi la Croix de fer" pense t-il tout haut.
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Le fracas des explosions succèdent en l'espace d'une seconde au sifflement des obus en approche. Les murs de la gentilhommière, le château comme l'appellent les inorois, tremblent sous les impacts successifs. La première salve a fait voler en éclats les derniers volets qui pendaient lamentablement de chaque côté des fenêtres de la façade Nord, déjà durement éprouvée par les combats de la mi-mai.
Le capitaine Merlot s'accroche au combiné de la radio comme un naufragé le ferait sur un débris flottant sur l'océan. Il a beau hurler, sa voix reste inaudible sur les ondes, couverte par les rugissements du bombardement. La seconde salve arrache littéralement la moitié gauche de la bâtisse : coup direct au but qui ensevelit le groupe de soldats occupant le rez-de-chaussée. Un pan de mur extérieur s'abat sur le jardin adjacent dans lequel un canon anti-chars attendait d'hypothétiques proies (CH, random selection sur le ground level, dr de rubble 1, DR d'effondrement 6-5, la totale...).
Dans la partie encore debout du bâtiment, le capitaine Merlot s'est recroquevillé dans un coin. A l'étage comme au rez-de-chaussée, les hommes couverts de poussière cherchent futilement un refuge sur le sol jonché de débris, bouches bées, les mains plaquées sur leurs oreilles comme pour éviter de voir leurs tympans se rompre. Puis un cri repris par plusieurs autres voix : "Sortons de cet enfer ! A l'assaut !". Les soldats se lèvent l'un après l'autre et se précipitent en hurlant à l'extérieur (HoB des deux squads DM, suivis pour chacun d'eux d'un Berserk !). Miraculeusement, la plupart d'entre eux échappent au déluge d'obus de 150. Les mortiers allemands ajustent ces nouvelles cibles et enchainent les tirs à une cadence infernale. Au bout des quelques deux cents mètres que dure la charge folle, une poignée de soldats français restent valides : des Grenadieren finissent la funeste moisson à coups de Kar98 et de grenades à manche.
Merlot sanglote nerveusement derrière le maigre rempart de pierres du château.
Les salves d'artillerie se succèdent (5 missions consécutives !).
Le moral de Merlot s'effondre un peu plus à chaque explosion. Il ne sent même plus les éclats qui labourent son visage. Touché à plusieurs reprises par des shrapnels et des débris contondants, il perd connaissance avant la fin du bombardement (deux fois blessé, second dr de wound severity =5).
A l'extérieur du château, le sergent Tinture tente vainement d'endiguer le flot des fuyards. Le cimetière est perdu et les allemands se sont infiltrés en masse sur la droite de la route principale. Sur les hauteurs, les défenseurs ont dû céder le terrain face à la violence de l'attaque allemande.
Les bombardements empêchent de renforcer les points les plus menacés. Tinture ne parvient pas à prendre contact avec le capitaine Merlot, coincé dans le château avec une section.
Que faire ? Le sergent ne contrôle plus la situation et ordonne aux survivants un repli immédiat vers la mairie, seul point de résistance qu'il sait encore organisé.
Des automitrailleuses sont partis assurer la défense de la route de Malandry. Aucun renfort ne peut désormais être espéré. Tout semble perdu.
Le sergent Tinture sera démobilisé en juillet 1940. Il regagnera sa Normandie natale où il rejoindra la résistance sous l'impulsion de sa femme, elle-même responsable de la section locale. De 1942 au 6 juin 1944, il récoltera des milliers de documents, photos et plans du mur de l'Atlantique. Sa contribution en matière de renseignement lui vaudra d'être décoré par le général De Gaulle en 1946. En collectionneur méticuleux, il avait conservé les copies de tous les documents qu'il avait accumulé pendant 3 ans et les avait précieusement rangés dans un faux grenier qu'il avait aménagé dans sa ferme du Cotentin. Ses compagnons d'armes appelait cette cachette la caverne d'Ali Baba.
Hill621:
Fin des hostilités. Fin du Date. Fin de la campagne.
Pertes françaises : 73 CVP (25,5 squads, 4 crews et 3 leaders)
Pertes allemandes : 40 CVP (8 squads, 3 leaders et 3 AFV) - Capture de 21 LVP
Victoire écrasante des allemands sur ce dernier Date.
Mais.
Le dr de fin possible, même modifié du +1 drm pour le Dawn Assault, sonne la fin du Date au tour 5...
...et la victoire du camp français qui garde le contrôle de 23 LVP !
Par acquis de conscience ou pure frustration, je décide de poursuivre le combat un tour supplémentaire. Le "what if" permet aux allemands de s'emparer des 3 précieux LVP du château d'Inor (le pont sur la Meuse, protégé par des barbelés, échappe à la capture) et donc de modifier virtuellement le résultat officiel.
Quelle plaisir d'en arriver là à l'issue des 8 Dates !
Ceux qui ont déjà joué un playtest de scénario savent combien il est difficile de parvenir à un équilibre qui permette de le classer "bon pour le service". Alors j'imagine que pour une CG, la difficulté et le challenge doivent être décuplés.
Et à ce titre, je salue l'investissement et le superbe travail des concepteurs de ce module ! Merci à tous. Vielen Dank.
Personnellement, je quitte les rues étroites d'Inor et les bois bucoliques alentours avec une énorme satisfaction.
C'est avec beaucoup d'attention que je vais désormais suivre la CG des amis Lionel et Bruno, en leur souhaitant de s'amuser autant que moi.
Bienvenue dans l'enfer vert d'Inor.
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