Après une trop longue interruption, nous avons repris progressivement le cours de notre campagne avec Kilgore.
Nous attaquons un gros morceau, puisqu'il s'agit du premier scénario de nuit, la fameuse et inévitable contre-attaque russe !
Mes CPP sont amputés conséquemment de la moitié de leur dotation initiale : du coup, je me retrouve avec 12 CPP, dont 4 restants de la veille. Pas folichon... De fait, je ne peux acquérir qu'une compagnie de rifle (full strength avec un leader 9-2 entre autres) et quelques menues fortifications (je suis réduit à 2 FPP par Date, ce qui est peu... Heureusement, les mines ne coûtent pas cher) que j'utilise en HIP (2 squads d'engineer), en mines (2 champs de 8 FP) et d'une magnifique set DC.
Les options de mon adversaire sont nombreuses :
- tenter de reprendre un ou plusieurs des bâtiments à 2 étages de la ligne de front, de la specialist' house à la banque d'état en pssant par la brasserie ;
- tenter de couper le saillant allemand de ses arrières ;
- rabattre les ailes de mon périmètre.
En bref, je ne sais pas vraiment d'où peut venir l'attaque. D'autant que le russe, avec pléthore de CPP, peut fort bien mener plusieurs assauts en des endroits différents.
Du coup, ma défense sera la suivante :
- solidement tenir les bâtiments en première ligne qui dominent la Volga, en y plaçant au moins une section à chaque fois, avec troupes d'élite mêlées aux biffins et aux dummies ;
- appuyés ces points d'appui avec des nids de mitrailleuses placés en retrait et dans les étages, bien dirigés par les chefs les plus aguerris ;
- positionnés mes chars de sorte qu'ils bloquent les axes de pénétration éventuels, et qu'une fois activés ils puissent rapidement se regrouper pour contre-attaquer ;
- garnir à minima la base de mon saillant (je ne pense pas qu'il se risque à attaquer ici, d'autant qu'en 5 ou 6 tours, le terrain ne lui permet pas de progresser suffisamment pour compléter un encerclement. A mon avis, une telle option serait une perte de temps, puisqu'il devrait battre en retraite au lever du jour sous peine d'être encerclé à son tour) ;
- faire rentrer mes renforts (ça coûte moins cher que de les placer sur carte) par le bord Nord sous contrôle, afin d'attirer ses propres renforts (là encore, je doute qu'il les fasse rentrer par les ferries, trop loin de la ligne de front, ni par le sud, trop loin des bâtiments dominant la Volga, et une option Sud me parait là encore suicidaire pour lui, compte tenu de la densité de mes troupes) et, si les renforts n'entrent pas là (j'attendrais que ces troupes entrent ou se dévoilent pour lancer ma compagnie à l'assaut), foncer sur le bord Nord de la carte pour tenter de l'isoler dans cette direction (et me rapprocher de la maison Pavlov).
Tel est mon plan. Je n'ai qu'une seule certitude : au moins un des bâtiments de la Volga sera attaqué, compte tenu de leur importance pour le contrôle des ferries. Le reste, je n'en sais foutrement rien... Et c'est angoissant.
Mes hommes sont prêts. La tension est palpable, malgré les succès de la journée. La fatigue se fait sentir, mais aucun de mes gars ne trouve le sommeil. Le front est calme. Trop calme...
Stalingrad, 14 septembre 1942, 23h13.Ils arrivent. Les premiers coups de feu déchirent la nuit comme un éclair zèbre le ciel. En quelques minutes, l'enfer s'abat sur deux secteurs bien précis du front : la specialist's house (demie surprise), et la base nord de notre saillant. La faiblesse de nos moyens de défense dans ce dernier secteur (troupes de seconde ligne, peu d'armes de soutien, pas de chars) me cause rapidement du souci.
Tour 1L'assaillant a rassemblé dans ses deux secteurs d'attaque de gros moyens : des troupes du génie sont rapidement identifiées, ainsi que des fusilliers (527). La visibilité est assez bonne (NVR 4) mais ses troupes sont favorisées par la portée de leurs armes.
Néanmoins, les russes sont relativement prudents : plutôt que de profiter de l'obscurité, ils déclenchent un tir préparatoire assez musclé. Nombre de nos soldats, surpris par le déluge de feu, déroutent. Toutefois, la riposte sera immédiate : en plusieurs endroits, nos nids de mitrailleuses arrosent les positions des assaillants illuminées par les éclairs des coups de départ des armes automatiques. Au nord du saillant, les russes semblent en partie désorganisés avant même l'assaut. Mais les frontoviki sont très nombreux (j'estime rapidement la présence ennemie à l'équivalent d'une compagnie) et s'avancent à travers les rues et les décombres, bientôt illuminés par nos fusées éclairantes.
Dans la spécialist's house, les tirs ennemis sont également dévastateurs : les reconnaissances menées par le russe ont permis de dévoiler bon nombre de nos positions (7) qui deviennent d'emblée la cible des mitrailleuses, mais aussi de deux chars (un T34 et un KV) placés en retrait. Le russe a toutefois découvert mon champ de mines (hex central de la specialist's house, dépourvu de strairwells et destinés à couper l'attaque russe en deux). Quelques troupes d'élite (548) résistent dans les étages, mais la plupart des troupes présentes sont mises en déroute et s'enfuient vers les étages supérieurs. Mis à part une MMG au second étage, maniée par les troupes d'assaut, les autres soldats présents dans le bâtiment sont de seconde zone : une proie alléchante pour le russe, car je prévois de l'attirer dans le bâtiment, garni de deux pièges... Le premier consiste en une set DC placée au rdc de l'hexagone DD32 (risqué, car s'il entre avec trop de troupes, il risque de la trouver et la désactiver...) dont le but est certes de détruire toute troupe qui s'engoufrera inévitablement par le sud du bâtiment fort dégarni (un demi-squad et des dummies que je souhaitais voir dévoiler par les reco russes) mais également de détruire cette partie du bâtiment avec le souhait de le voir s'effondrer dans la rue où, je l'espère, le russe aura massé sees troupes de seconde vague. Le second piège est constitué par une demie-section placée en retrait dans les décombres (CC31), HIP, et rassemblant un 838, un 338, un 9-2 et.. un lance-flammes. Ces derniers, "protégés" par le champ de mines en DD31 et la set DC en DD32, sont principalement destinés à stopper les russes en DD30 et devront conserver leur camouflage jusqu'au bout.
Le premier tour est donc marqué par un tir nourri des russes, mais peu de mouvements (rien en direction de la specialist's house, et quelques judicieuses infiltrations au nord du saillant).
L'artillerie russe tente également de trouver une cible alléchante aux abords de la specialist's house, mais échoue...
Au sud, les troupes russes solidement installées dans la caserne des pompiers se lancent sans coup férir à l'assaut de la tranchée jouxtant le bâtiment et prise pendant la journée. Bien évidemment, par prudence, la position a été abandonnée et n'est garnie que de dummies. Le russe nettoie la tranchée et avance un char. Quelques échanges de tirs ponctuent le mouvement.
Les renforts russes ne rentrent pas... Je ne me l'explique pas, mais c'est ainsi.
Tour 2La progression russe prend un autre rythme au nord du saillant. Les tirs de riposte de mes mitrailleuses, les cibles ennemies désormais identifiées, continuent d'être plutôt efficaces. Mes troupes sont toutefois dans l'impossibilité totale d'arrêter la marée rouge. Je me contente donc de le ralentir un maximum et de préserver mes propres troupes en leur faisant adopter une défense élastique. Très élastique même ! Le premier pâté de maisons tombe entre les mains de l'ennemi (Q16). Un premier CC se développe et ne devrait pas tourner ma faveur compte tenu du raport de forces : les troupes parviennent toutefois à tenir.
Autour de la specialist's house, les succès des tirs initiaux russes l'engagent à traverser la rue : les premières troupes s'élancent et atteignent le bâtiment. Certains s'empêtrent dans les mines, d'autres sont mis en déroute par les tirs des mitrailleuses lourdes, mais plusieurs s'infiltrent en DD32. La DC, non détectée, est déclenchée... Un carnage. Deux squads ennemis sont pulvérisés et vont mêler leur chair et leur sang aux murs décrépis du rez-de-chaussé. La structure du bâtiment tient toutefois le coup. Zut.
L'artillerie russe se fait plus précise à l'arrière du bâtiment. Les servants d'une mitrailleuse de prise sont mis en déroute.
Un duel de mitrailleuses lourdes s'engagent avec le russe. Mes tirs plus précis vont toutefois l'emporter.
Au sud, les tirs se poursuivent. Une forte présence de dummies semble gêner les russes. D'un autre côté, la caserne est tellement bien défendue que les maigres moyens positionnés dans le secteur (une section) ne bougent pas.
Le russe fait entrer ses renforts. C'est impressionnant. Une importante compagnie de la Garde entre par le Nord, et entreprend de contourner le secteur de la maison Pavlov. Il est temps d'agir si je ne veux pas les voir me tomber sur le dos.
Ma compagnie de fusilliers entre à son tour en action : j'espère ainsi prendre une partie des ruines au nord, mais surtout contraindre les renforts russes à se détourner de leur objectif.
Tour 3A ce stade, je demeure encore plutôt confiant autour de la specialist's house : mes troupes du génie sont toujours tenues en réserve, et le russe a subit déjà de lourdes pertes en vies humaines, alors qu'une partie de son dispositif d'attaque a dû reculer de l'autre côté de la route. Mais j'ignore encore combien de soldats il peut encore rassembler, alors que pour ma part, je ne dispose d'aucune réserve mobile.
Ses chars me causent toutefois plus de soucis, car leurs tirs deviennent chaque fois plus précis. Le KV s'est approché presque sous les fenêtres de la specialist's house (sans soutien d'infanterie). Il me reste un squad intact et 1,5 en déroute avec un leader blessé.
Les tirs de défense faiblissant, le russe parviendra à renforcer encore sa présence dans le bâtiment : il s'empare de la cage d'escalier au sud, et emmène quelques hommes dans la partie nord. Les tirs de ses derniers me coûteront d'ailleurs cher, cueillant à découvert un squad et un leader 8-1 envoyé en renfort... Toutefois, ses mouvements me permettront de mettre en alerte un de mes chars : aussitôt, les radios grésillent et les moteurs de mes deux pelotons se mettent en marche, direction la specialist's house et le nord du saillant.
Dans ce secteur, la situation continue d'être favorable au russe qui gagne du terrain vers le sud, puis vers l'Est : le quartier T15 est pris à son tour, puis le bâtiment W14. Je n'ai dans ce coin qu'une demi-douzaine de squads à opposer, étalés sur 12 hexes de front... Je parviens toutefois à sauver mes troupes en leur faisant poursuivre leur mouvement de repli : le terrain et l'obscurité les aident considérablement.
Au nord du parc du 9 janvier, les russes sont bousculés par l'arrivée de nos renforts et doivent céder du terrain. L'ennemi organise une ligne de défense solide en retrait, alors que des tirs nourris fusent autour du parc.
Au sud, les russes entament une prudente progression, appuyé par un char. Le T34 s'approche dan sle parc et stoppe devant la maison G50 : il est pris à partie par un peloton de felgrau qui détruit l'imprudent !
Aux abords de la maison des enfants, une section de troupes d'assaut est mise en alerte par le capitaine de la compagnie (freedom of movement). Les soldats s'élancent vers l'Ouest, traversant la Communistischskaya : ils parviennent à atteindre le bâtiment opposé en K40 et y liquident quelques soldats russes.
Tour 4La specialist's house est la scène de combats enchevêtrés dans les étages : nos soldats se maintiennent au dernier étage alors que les russes sont pour partie repoussés au rdc (le lance-flammes se dévoilera pour tomber à court de carburant...), mis en déroute au 1er étage par les tirs nourris de nos mitrailleuses lourdes, et pris en CC à un endroit par une contre-attaque allemande qui aboutira au 2nd étage de DD30. Nos canons d'assaut arrivent à la rescousse : le KV est immobilisé. Mais le T34 continue de prendre le second étage sous son feu.
L'artillerie russe parvient à faire taire un de nos nids de mitrailleuses, placé au 1er étage de Z32.
Au nord du saillant, les russes continuent inexorablement leur porgression et atteignent bientôt la ligne 17. Les tirs sont toutefois plus épars, car nos soldats refusent autant que possible le combat.
Plus à l'Est, nous parvenons à nous glisser en Z14.
Au nord du parc du 9 janvier, nos troupes acculent les derniers défenseurs russes en P2 : un CC se développe. Plus aucune progression n'est possible vers l'Est : les russes ont massé plus d'une section dans la maison Pavlov mais également dans les décombres S1 et T1
Tour 5La partie de cache-cache se poursuit dans les étages de la specialist's house : si nous parvenons à garder le contrôle de la cage d'escalier nord et du dernier étage, les russes se sont infiltrés au 1er étage, au rdc et dans les caves de DD31-32. Le KV russe est de nouveau malmené et l'équipage doit abandonné le char. Les pertes sont relativement modestes au regard de l'intensité des combats, mais la situation est très tendue.
Au nord du saillant, le russe stoppe sa progression : l'arrivée de deux Stug (dont l'un d'eux réalisera un superbe coup critique sur un 628) et la multiplication des tirs de nos nids de mitrailleuses au fur et à mesure de leur avance semble mettre un terme à leur succès. Il était temps... Je n'ai guère plus que 3 pelotons à leur opposer en première ligne.
La situation se stabilise également au nord, autour du square du 9 janvier. Les russes n'ont pas pu engager leur renfort, et le terrain conquis par nos troupes est satisfaisant.
Au sud, le capitaine mène ses hommes dans une conquête éfrenée, face à une faible résistance des russes (beaucoup de dummies et de conscrits). Les russes sont coincés dans les étages des deux bâtiments longeant la Communistischskaya (environ 3 squads) et nos hommes se sont emparés de plusieurs bâtiments, jusqu'à la rangée M.
Dans le parc, les russes ont envoyés près d'une section reprendre la maison G50 : avec un peloton restant, les défenseurs allemands ne peuvent tenir et reculent dans le ravin.
Epuisés, et sans réelles opportunités sur le terrain, nous décidons avec mon adversaire de rompre le combat d'un commun accord. Le scénario s'achève ainsi à l'issue du 5ème tour...
Bilan du CGDate II
Eprouvant ! Ce combat de nuit fut éprouvant. La specialist' house est passée pour moitié sous contrôle russe. Et même si la position parait intenable de jour, je ne pense pas qu'il l'abandonne si facilement après tant de sacrifices.
Son attaque au nord du saillant fut une totale surprise : ne voyant pas le gain d'une telle attaque, j'ai négligé de renforcer ce secteur (d'un autre côté, il me fallait faire des choix). Malgré tout, les tirs des mitrailleuses, la pugnacité des quelques squads défendant, la difficulté à progresser de nuit et le facteur chance m'ont permis de limiter les dégâts. Là encore, la position sera quasi intenable de jour pour le russe, et je ne pense pas qu'il prenne le risque d'être à son tour encerclé.
Sur le bord nord de la carte, j'estime avoir rempli une partie de mon contrat : j'ai arrêté le flot de renforts russes, et je suis parvenu à m'étendre vers l'Est, même si je rate mon objectif à un pâté de maisons (de décombres plus précisément) près.
Je suis également parvenu à grignoter quelques strategic locations autour de la laiterie.
Au sud, je comptais bien m'emparer de la caserne, jugeant là encore la position délicate pour le russe : mais ce dernier a non seulement choisi de la défendre à tous prix, mais a même saisi l'occasion de contre-attaquer vers l'Ouest. Il reprend ainsi le contrôle de la maison G50 et donc du parc. Il me faudra réduire cette position au plus vite...
Par contre, je suis heureux d'avoir eu un officier capable de mobiliser des troupes pour traverser la Communistischskaya : j'obtiens ainsi, contre toute attente, une tête de pont de l'autre côté de la rue, piégeant par la même occasion une trnetaine de moujiks dans les étages. Une belle position de départ pour demain !
Néanmoins, mes pertes sont trop importantes à mes yeux. Une quinzaine de squads ont disparu dans la tourmente et surtout, deux leaders sont tombés, alors que deux autres ont reçu de sérieuses blessures.
Le ratio de pertes est toutefois de 1 pour 1, ce qui, compte tenu de l'intensité des combats devrait être plutôt satisfaisant.
Les yeux rougis par la fatigue, je me dirige vers mon QG alors que les tirs s'estompent en première ligne. Un rapide rapport est transmis à l'état-major. Je sollicite des renforts pour le lendemain. L'attaque ne doit pas faiblir et nous devons profiter rapidement des pertes infligées à l'ennemi, pour lequel mes hommes commencent à ressentir un véritable respect.
Je m'étale lourdement sur ma paillasse, les bottes encore aux pieds. Cette nuit aurait pu se transformer en cauchemar. Heureusement, les cieux nous ont été plus favorable (le scénario est une victoire allemande). Gott mit uns. Mais jusqu'à quand... J'ai le désagréable sentiment que cette ville pourrait être notre tombeau, avec la poussière pour seul linceul.