Prokhorovka
PRK7 : Yamki to Stalinskiy Sovkhoz
Tiré du module d'Advancing Fire, il utilise une des cartes historiques (46 x 30 hexagones) dont la qualité graphiques ne saurait être contestée, mais dont certains éléments de terrain imprécisément centrés sur le petit point blanc pourraient déplaire à certains. Perso, cela ne nous a absolument pas dérangé.
Plus déroutant fut de considérer les "collines" comme une superposition de hillocks et d'en appliquer les règles. Mais il suffit d'aller sur Google map pour s'apercevoir que les ondulations de terrain de cette partie de la Russie, à la frontière E-NE de l'actuelle Ukraine, ne sont réellement que de paisibles rolling hills, et non des pentes raides comme le générique de la petite maison dans la prairie, lorsque la benjamine Carrie se vautre comme un étron dans les herbes hautes en voulant la dévaler en courant, ce qui, compte tenu de son jeune âge, équivalait à emprunter une piste rouge sur un seul ski et les yeux bandés en espérant arriver sain et sauf en bas...
Bref, une fois ceci lu et relu, et à force d'auto-persuasion alimentée à coups de ouiski danois, Bruno et moi nous sommes lancés dans cette épique partie !
Jouant à domicile, j'ai été désigné comme défenseur afin de pouvoir préparer les innombrables HIP de mon OB. Après avoir ajuster mon uniforme noir bardé de médailles, je place donc en concealment terrain (dont les trenches, par SSR) ma faible défense, soit 5 Marder III (dont 1 avec AL 9-1), 5 PaK 40, 5 PaK 38 et 2 sPzB 41, appuyés par une poignée de fantassins (110 hommes sévèrement burnés avec ATMM et 2 DC) et leurs 3 MMG, un couple de mortiers GrW 34 (81mm), tout cela soutenu par 4 (je dis bien 4) modules d'OBA, 2 de 105mm et 2 de 150mm (8 black / 4 red), et un nombre indéterminé d'oiseaux de proie allant du FB au HS129 en passant par les Stukas de Hans-Ulrich Rudel, un oncle éloigné par alliance.
J'entends déjà d'ici les cris d'orfraie.
"
Oh les malades ! Comment peut-on faire des scénarios de malades comme ça ? C'est trop gros et injouable ! J'suis sûr que c'est pas équilibré !!!"
Oui. Certes. On pourrait le voir comme ça à brûle pourpoint. On pourrait. Mais...
Seulement voilà, l'OB est lui aussi fort sympathique. Accrochez-vous à vos slips.
75 chars. Ça parle, hein ?! 31 T34, 36 T70, une poignée de SU122 et autant de SU76.
Des chars tout seuls, ça ne sert à rien, n'est-ce pas ? Et comme les russes ne sont pas fous (sauf Poutine bien sûr d'après nos espions, nos journalistes et un certain Véran certainement), ils ont décidé d'accompagner cette masse blindée d'une cinquantaine de squads, du 447 au 628, des armes de soutien mais pas trop pour ne pas ralentir la marche et de 2 modules de 82mm (une seule mission fumigène pour chacun et seulement 3 black / 3 red).
L'arrivée de ce rouleau compresseur, compte tenu de la relativement faible largeur de carte (46 hexes), s'étale sur 6 tours.
Les VC sont sympas comme tout : le SS gagne par mort subite (c'est le cas de le dire) s'il parvient à détruire ou immobiliser 45 chars russes à une distance supérieure à 6 hexagones de sa ligne de tranchées. Ça c'est simple sur le papier. Ça se complique lorsque ce nombre est augmenté de 1 chaque fois qu'il perd un Marder ou un PaK 40 (plus il en perd, plus il doit en détruire, avec de moins en moins de moyens... Cornélien non ?)
Pour le russe, il lui "suffit"
de gagner 60 VP en : sortant des EVP par le coin SW de la carte (15 hexagones de sortie), en ayant des VP à moins de 6 hexagones des tranchées allemandes (la moitié des VP cependant) et en capturant des building (3 VP par location) qui sont au nombre de 13 sur la carte, derrière la ligne allemande.
Au tour 1, une vague de 15 T-34 M43 entre par le bord Est de la carte. Les PaK40 en cueillent 3 à portée raisonnable (18-20 hexes) dont un s'enflamme à la suite d'un CH et Bruno en immobilise un autre en ratant son ESB. La tactique de Barns s'engage conformément aux évènements historiques : la première vague blindée se rue sur la pente pour rejoindre un repli de terrain (oui, je vous la fais courte mais un hillock ne créé pas de blind hex --sauf à partir de 54 hexagones...-- pour le hillock empilé dessus, mais le second hillock empilé sur les deux premiers applique les règles de collines normales et là, ben blind hex dans lesquels mon adversaire envisage de se planquer des tirs provisoirement) en attendant l'infanterie et très certainement l'OBA et les fumigènes. Logique et très raisonnable, d'autant que les pertes subies en un tour calmeraient les ardeurs les plus vitriesques.
Les allemands en profitent pour faire tomber les premiers obus de repérage en attendant les pleupleu à pied (ah oui, j'oubliais : par SSR, les premiers russes ne peuvent pas entrer sur carte en armored assault ou en tant que riders, c'est con hein ?)
Tour 2, la biffe arrive avec une seconde vague de 4 SU-76, 16 T-34 et 1 KV-1 M42 (on se demande ce qu'il fout tout seul ce gland) mais Barns (moi aussi d'ailleurs) oublie les 4 SU-122. Les observateurs d'artillerie se font un plaisir fou, comme sur un champ de manoeuvre : 105 et 150 stoppe net une partie importante de l'infanterie (au moins 3 squads au tapis, des K/, des MC failure, etc... et le reste tente de rejoindre sans coup férir les premiers chars. Les carcasses de chars se multiplient également, entre ceux immobilisés au tour 1 qui périrent sous le coup de grâce et les nouveaux arrivants. A noter que seuls certains PaK40 sont à l'oeuvre, les Marder restants muets et les PaK 38 trop frileux.
Tour 3, ça commence à ressembler à la foire du trône. 18 T-70 entrent en jeu et reçoivent l'ordre de contourner le dispositif des SS pour sortir de la carte par le coin SW. Tous les chars étant radioless par SSR, on bouge en platoon et ça n'aide pas. Là, les PaK 38 à droite de ma défense et leurs RoF de 3 entrent en action. Grosse moule aidant, la charge des T-70 se transforme en hécatombe. Devant tant de morts inutiles, je laisse échapper quelques larmes mais étouffent fièrement mes sanglots. Ach ! La guerre, groß malheuuuuur ! 10 chars ne verront pas le tour 4, sinon immobilisés pour certains. L'artillerie allemande poursuit elle aussi son massacre et les Hurré ! des russes se perdent dans le fracas des explosions.
Tour 4. Les russes ont peu ou prou rejoint l'abri précaire du repli de terrain (des LoS existent encore mais rares). Les T-70 poursuivent leur course en avant, pas le choix. Les pertes sont plus légères du coup, 5 chars dont 4 T-70. Un nouveau pack de 12 T-70 entrent sur carte et tentent de profiter des carcasses de leurs compagnons d'infortune ou des replis de terrain. C'est petit ces saloperies !
L'observateur d'artillerie russe ne parvient pas à entrer en contact avec la batterie. Il craint tellement pour sa vie qu'il se planque derrière une épave en feu pour échapper à la vue des allemands qui hurlent des jurons par-dessus le parapet des tranchées.
Bonne nouvelle cependant pour les russes : un premier Marder s'est dévoilé en avant de la ligne de défense et explose sous les tirs concentrés de plusieurs chars, non sans emporter son butin dans la tombe.
5 chars russes détruits ou immobilisés
Tour 5. Seconde vague d'infanterie russe. Toujours pas de fumigènes !!! L'infanterie mange sa quiche sous les tirs d'artillerie. Les chars russes souffrent encore toujours, 5 autres au tas.
Par contre, les outils de précision allemands commencent à fatiguer et deux AT sont malfunction. Ces incidents arriveront à rythme régulier désormais et provoqueront une baisse du nombre des pertes pour les russes (moins de tirs et perte des acquisitions).
Tour 6. Les russes attaquent enfin avec un dispositif amoindri mais bien regroupé. Barns fait des miracles sous un feu intense (quoi que l'artillerie allemande faiblisse significativement) et progresse vers les lignes allemandes alors que les T-70 atteignent la sortie de carte par vagues successives. Fini vers 1 heure du matin, ce tour clôturera une journée de combats acharnés par la perte d'une dizaine de chars russes en plus mais surtout par celle de 2 Marder ! Un Stuka 37L fait son apparition au-dessus du champ de bataille (il restera deux tours par SSR) mais ratera son tir sur un T-70 ce niais.
Tour 7. Les russes se rapprochent. Nombreux sont ceux qui atteignent la zone des 6 hexagones de proximité des tranchées allemandes : même s'ils sont détruits, ils ne comptent pas dans le bilan de mort subite des SS. Crotte. Cela n'empêche pas les allemands d'en détruire encore et toujours, mais au prix cette fois-ci d'un autre Marder et d'un PaK 40. Ça sent le roussi. Compte tenu du nombre de chars russes (T-70) sortis de carte, de ceux qui restent sur carte et des pertes de Marder/PaK40, il n'est plus possible de l'emporter par mort subite pour l'allemand. Côté russe, les 65 VP sont presque atteints, il suffit de pousser un peu vers les tranchées et ou de faire sortir encore une poignée de chars.
Tour 8 et 9. Les russes parviennent à bout de souffle à proximité des tranchées allemands (2-3 hexagones) mai sosnt incapables de se maintenir sur place. Les pertes sont horribles et les chars survivants s'enflamment les uns après les autres. 3 Stukas viennent rajouter une couche d'horreur en staffant l'infanterie et en larguant 3 gros cacas de 200mm sur la gueule des attaquants.
Toutefois, la pugnacité et le sang-froid de Bruno finissent encore une fois par payer : son second observateur d'artillerie parvient à placer un rideau de fumée devant l'extrême droite de mon dispositif, aveuglant les canons anti chars (2 PaK 38 et 1 PaK 40), permettant ainsi la sortie de 3 derniers T-70 qui lui donnent une victoire sacrément méritée !
Au bilan, ce scénario est super bien ficelé et extrêmement prenant. La défense ne chôme pas et se fait grave plaisir avec tous ces HIP et son OBA. OK, j'ai encore profité d'une chance parfois insolente (7 ou 8 CH de mémoire) avec des TH dans les colonnes 19-24 voire 25-30 et des TK pas si élevés que ça mais réussis ! Merci à la RoF des PaK 38 et aux pélots de 150mm. Par contre, l'appui aérien est venu trop tard et pas assez nombreux pour permettre de faire monter les pertes pour espérer l'emporter.
Bruno a beaucoup souffert et plus d'un aurait jeté l'éponge face à l'hécatombe. Jugez par vous-mêmes : à la fin du tour 9, il ne lui restait que 2 SU-122 et 1 T-34 encore mobiles sur carte ! 2 SU-76 et 10 T-70 étaient parvenus à percer et une demi-douzaine de chars restaient immobiles sur le champ de bataille. L'OB en comptait 75 au départ disais-je. 80% de pertes... Conforme au compte-rendu historique.
Côté infanterie, 22 (sur les 46 de départ) squads se trainaient lamentablement sur carte, la plupart broken.
Tout à fait rejouable, ce gros (très gros) scénario a l'avantage de ne pas être dicey tant nos poignets ont souffert. On approche le grand tactique tellement il y a de monde à gérer sous forme de formations.
Minuscule commentaire à destination d'Advancing Fire, mais ce sera le seul et il ne ternira en rien l'appréciation très positive que nous avons avec Barns : les pions.
Ils sont super beaux, mais il n'y en a pas assez. En particulier pour les SW des russes, il n'y a même pas une HMG malgré que le design soit si beau sur les fiches de scénarios. Et nous avons dû utiliser des Marder, des AT et des avions d'éditeurs différents.
C'est dommage, mais je peux comprendre l'aspect financier de la chose, d'autant que les cartes ont dû peser sur le cahier des charges.
C'est juste histoire de faire mon franchouillard gueulard