19h53. Le capitaine a fait appeler les chefs de section dans sa tente pour leur faire part de son plan d'attaque pour le lendemain. Il nous a expliqué que nous allions nous heurter à des fascitstes italiens, fanatiques et sanguinaires, la pire clique que les rangs franquistes puissent compter.
La 1ère section allait devoir effectuer un large mouvement tournant par le bois situé à l'Ouest du village : profitant du couvert des arbres, les 30 gars de la 1ère avait pour rôle de prendre la défense fasciste à revers.
D'après les reconnaissances hâtivement menées en fin d'après-midi, les italiens sont installés dans les premières maisons du village. Des clochettes d'alerte semblent avoir été positionnées à contre-pente de la colline boisée qui se dresse au sud. Deux emplacements de canons ont été repérés : l'un en lisière du bois, l'autre sur un repli de terrain à l'Est, protégé par un muret. Par ailleurs, des bruits de moteurs ont également été entendus dans le centre du village. La dotation théorique de l'unité italienne nous laisse craindre que des tankettes seront présentes dans les rangs fascistes.
De fait, les 3 autres sections de la compagnie lanceront un assaut frontal pour s'emparer de la position dominante du champ de bataille. Cette position nous permettra de dévaler sur le village en privant les italiens d'excellentes positions de tir. L'état-major de la division nous a octroyé un appui blindé substantiel : deux sections de T26 et une de BT5 russes. Bien que légers, ces chars nous permettront de tenir la dragée haute aux tankettes italiens ! Ils accompagneront donc le gros de la compagnie.
La nuit est calme. Les camarades se reposent à même le sol détrempé, sous la garde de sentinelles vigilantes.
L'aube est rouge. Les cliquetis des armes s'entrechoquent contre les pièces métalliques des arnachements. Les camarades se préparent pour l'assaut, bien déterminés à infliger une bonne leçon aux troupes de Mussolini !
Sous l'impulsion des chefs de groupe, les soldats se lancent en courant à l'assaut de la colline, protégés par les blindés. L'un d'eux s'enlise rapidement, mais l'attaque se poursuit. Un canon de 65* se dévoile sur la colline à notre droite : ses obus fusent mais ratent leurs cibles. Les premiers gars atteingnent le piied de la colline, sans rencontrer de résistance. Les T26 qui n'ont pas été immobilisés par la boue entreprennent de la gravir.
Premier contact avec les fantassins fascistes. Quelques soldats sont restés en arrière-garde dans une ferme sur la colline, mais le gros des forces italiennes est aperçue la dévalant vers le village. Un rapide et brutal assaut permet de s'emparer de la ferme et d'infliger leurs premières pertes aux fascistes. Le canon de 65* s'est tu sur notre droite : problème mécanique ?
Nos camarades collent aux talons des italiens en retrait. Une autre ferme est rapidement conquise à gauche de la colline, à la lisière des vergers. Nous atteignons bientôt la lisière du bois après avoir nettoyé et dépassé la colline. La résistance italienne se durçit au moment où nous atteignons les premières maisons. Au milieu des coups de feu des armes individuelles, nous percevons les hurlements d'un chef italien qui harangue ses hommes. La 2è section se lance à l'assaut. Un furieux corps-à-corps se développe dans une maison. Explosion de grenades, cris et rafales d'armes automatiques précèdent un bref silence : nos camarades l'ont à nouveau emporté, non sans pertes...
Nous n'avions toujours aucune nouvelle de la 1ère section lorsque des coups de feu éclatent à la lisière du bois. Puis des coups de départ de canon de 20mm. La réplique italienne ne dure toutefois pas longtemps. On peut bientôt apercevoir des silhouettes portant l'uniforme républicain grouiller autour du canon italien dévoilé. Les italiens avaient imprudemment laissé ce canon sans soutien d'infanterie.
Les chars se ruent maintenant sur l'entrée du village, l'infanterie à leurs côtés. Soudain, une colonne de tankettes italiennes pénètre dans le village : les véhicules empruntent la rue principale et sont rapidement pris à partie par nos T26. Le duel est bref et brutal : les tankettes italiennes s'immobilisent les unes après les autres. La contre-attaque blindée italienne est étouffée dans l'oeuf. Mais le combat a durement usé les mécaniques : un de nos char casse son arme principale. Deux autres s'enrayeront dans les combats suivants. Nous voyons même un BT5 tourner les talons et regagner nos lignes de départ. L'infanterie ne faiblit toutefois pas face à une résistance italienne acharnée. Il nous faut conserver l'initiative. Le capitaine nous pousse constamment à l'assaut. Les italiens sont littéralement talonnés.
Le bois est désormais le théâtre de violents combats. Une ferme est prise d'assaut par la 1ère section. Aucun soldat italien n'en ressortira vivant, mais le combat a été rude. Heureusement, les fascistes n'osent pas renforcer la mélée. Nous les tenons à distance et la peur des blindés semble faire effet.
Mais les fascistes ont la peau dure. Deux tankettes équipées de lance-flammes font soudain irruption parmi les carcasses de chars italiens. L'une d'elles prend à partie un BT5 dont le canon s'est enrayé : les flammes l'environnent bientôt, et le char russe s'embrase avant d'exploser, ne laissant aucune chance à l'équipage... La tankette sera rapidement mise hors de combat par un T26, mais trop tard cependant. Un groupe de camarades se jette sur l'autre tankette italienne : bien qu'immobilisé, le char italien est courageusement servi par un équipage qui demeure dans son cercueil roulant et annihile notre infanterie au lance-flammes. Le sacrifice de nos camarades ne sera pas inutle puisque la tankette sera détruite quelques secondes après, mais les pertes dans nos rangs deviennent inquiétantes : nous avons déjà perdu une trentaine d'hommes et un chat BT5 a été détruit.
La 1ère section poursuit son mouvement enveloppant. Le nord du village est atteint, les maisons tenues par les fascistes sont nettoyées. A l'autre bout du village, le capitaine arrose la façade d'une maison tenue par les italiens : d'autres camarades rampent sous les fenêtres alors qu'un char vient les appuyer au centre. L'assaut combiné fonctionne bien. Les italiens se rendent.
Les derniers éléments fascistes se regroupent dans un bois. C'est la fin. Le commandant fasciste ordonne à ses soldats de mettre un terme au bain de sang. Plus de 40 corps italiens seront comptabilisés sur le terrain. Cinq tankettes achèvent de se consumer dans les rues du village. Le village est enfin entre nos mains.
Victoire ! Les combattants de la liberté ont vaincu une nouvelle fois la bête fasciste !