Ronde 2. Le sort me désigne Bruno NITROSSO comme camarade de jeu. Ayant vu son nom trainer dans le top 5 de plusieurs précédents RING, je commence par aller pleurer dans les toilettes, et une fois ma dignité retrouvée, je me dirige vers la table de jeu encore vierge de cadavres de bières (cela dit, c'est normal, il est 9h00 du mat').
C'est la seule ronde où nous avons choisi secrètement le scénario : pour ma part, je n'étais pas attiré par "fighting lodge" (que je jugeais peut-être à tort trop statique pour le finnois), aussi ai-je choisi "Through ice and fire" and "finnish blitzkrieg". Bruno ne semble pas avoir été attiré par ce dernier, aussi retrouvons-nous le 1er en commun. Je laisse Bruno choisir son camp : il sera russe, et pour ma part je chausse mes skis.
Mon setup, ma tactique, ma croix... Je joue avec un solide gaillard, aussi une petite voix me dit qu'il va falloir jouer avec finesse et tact, saupoudré d'une prudence de loup. On ne va donc pas jouer le cador et j'opte pour une défense en retrait, que dis-je, trèèèès en retrait, pour attendre les fameux Gaz en fond de carte, à l'abri des tankettes-briquet russes.
La colline de la carte 3 n'est pas défendue. Mes troupes se placent hors LOS de la zone de setup russe, en dehors des bois (voire parfois à découvert) pour éviter l'air burst en forêt et bénéficier du magnifique +1 de deep snow contre l'OBA : certains commencent pour reculer plus vite sur skis, d'autres prennent dès le début les positions prévues au dernier tour.
Mon AT, pour pouvoir s'offrir le plus de chances de détruire des camions, se place en R4 sur la rivière, à 2 hexes de la route (-1 au TH pour gomme la petite cible des Gaz), avec un CA orienté presque vers la sortie de carte.
Ma tactique est simplissime : asmater l'infanterie russe en BPF, hors LOS des nuisibles briquets russes à l'intérieur du village et/ou derrière la baraque à ma droite, retenir le tir de l'AT pour le réserver aux camions, et refuser le plus possible le combat avec les chars russes.
L'OBA de Bruno s'écrase comme il le souhaitait sur la colline en avant du village de la carte 3, sans trouver de cibles (normal, y'en avait pas).
Un de ces squad scoute très intelligemment le bord de la carte à ma droite : il est vrai que les LOS sont multiples dans ce secteur, même si les distances de tirs sont un peu longues à mon goût.
Bruno entame ses mouvements en tatant la défense finnoise sur les deux axes de sortie possibles : sur mon aile gauche, je planque mon infanterie hors de vue de ses OT33 et attend son infanterie dans les premières maisons, puis à partir du bois au centre du village. Sur cet axe, le russe ne parviendra pas à prendre l'avantage contre mes squads 6-4-8. Un OT33 se fera par ailleurs détruire au tour 4 en street fighting en tentant d'appuyer les frontoviki, provoquant une sourde haine de Bruno à l'égard de la Finlande toute entière.
Sur ma gauche, les T26 précèdent l'infanterie qui traverse le bois dans leur suite. Les chars en débouchent au tour 2 et s'installent au carrefour sans déclencher le tir de mon AT qui prend pourtant leurs derrières en ligne de mire. Au tour 3, l'infanterie russe se lance sur la dernière baraque derrière laquelle se sont retranchés mes 3 squads. Ses camions sont engagés sur la route forestière depuis le tour précédent, et je me dis qu'il va tenter de passer rapidement, ses chars n'ayant rencontrés aucune opposition. Aussi, je tente un gambit, premier tournant du scénario (ben oui, y'en a au moins un autre sinon vous ne lirez pas le reste de l'AAR) : mon infanterie, positionnée de telle sorte qu'elle puisse arroser la route de la liberté et constituant donc une réelle menace, tire en first sur l'infanterie russe, laissant les camions libres de bouger. Oh le vilain piège ! Bruno jubile, bien que cela le navre sincèrement de devoir terminer le scénario aussi vite (le premier qui dit que je suis un faux cul qui balance toujours au moins un bon piège pourri par scénario et qu'il faut se méfier de moi, je le dénonce à son épouse avec des photos truquées !!!). Vroum ! Vroum ! Les camions avancent !
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Mais il y a quand même une différence entre un bon joueur et un moins bon joueur, et Bruno ne fait plus partie de la deuxième catégorie... Comme je le craignais, il avance par platoon de 2 chars, et non 3. Grrr... Tant pis. Tir à 2 hexes. Touche ! Rof ! Détruit. Le deuxième poursuit. Il dépasse l'épave en feu de son camarade syndiqué, espérant que ma chance insolente aura une fin. Tir. Touche ! Plus de rof. Le second camion vole en éclat (mais ne prend malheureusement pas feu. Je sais, je sais, vous allez dire que je suis un sadique et que cela ne change pas grand chose, mais si, vous verrez pourquoi après).
D'abord euphorique (j'en rajoute un peu Bruno, pardon
), mon adversaire sent la partie lui échapper. Il me reste un camion à dégommer, mon AT peut encore intensiver, et vu l'excellence de mes tirs, il hésite. Sorte alors de sa bouche des mots comme "je joue mal. Je suis nul. C'est foutu." J'entends alors des trompettes divines résonner dans ma tête, je vois des naïades danser nues devant mes yeux en me jetant des regards déshabilleurs, je sens les boutons de ma braquette résister à un soudaine poussée, bref, je me dis qu'il va abandonner et que demain je brandirai la coupe du Ring au-dessus de ma tête couronée, les autres joueurs se prosternant à mes pieds !!!
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Je disais tout à l'heure, qu'il existe une différence entre un bon joueur et un moins bon joueur, et Bruno ne faisait toujours pas partie de la deuxième catégorie, comme ça, d'un coup.
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Bruno tente une nouvelle poussée dans le village tout en regroupant le reste de ses troupes sur ma droite. Entre temps, en prep fire, je lui volatilise ses deux T26 me présentant leurs fesses. Du haut d'une colline de la carte 3, il arrose aussi précisément qu'il le peut le bois abritant mon AT. Le servant tient le coup, malgré plusieurs MC. Il me met la pression avec un squad : vous vous rappelez, celui qui fourrageait sur le bord de carte à la recherche du gun ? La position devient un peu plus précaire au fur et à mesure que le temps passe.
Et là, 2ème tournant du scénario ! Et grosse boulette de votre serviteur : je tente de pousser l'AT dans le lit de la rivière gelée, pour le mettre à l'abri des tirs, tout en le passant adjacent à la route. Bruno déclenche un snap shot sur l'hexside qui me conduit dans la rivière. Petit, très petit FP, mais gros drm... Cette fois-ci, le crew craque. Nous sommes à l'avant-dernier tour, phase finlandaise... Mon infanterie se rabat en urgence vers la route, et s'y échelonne pour ralentir les camions : un smc se place dans le premier hex, un squad avec lmg dans le second (24 FP en TPF sans compter d'éventuels molotov), et un squad tout nu dans le dernier (18 FP en TBF). Après, c'est la liberté pour le russe.
Dernier tour russe... Les camions s'alignent sur la route forestière. L'infanterie russe est hors de portée et ne peut plus intervenir. Bruno a lancé son dernier tank-briquet vers la sortie du village le tour précédent, il se trouve maintenant juste devant la baraque à ma droite, motion. En avant ! Il aborde mon leader, roule dans son hex, le néglige, le boude, tandis que ce dernier tente sans succès de l'arrêter en CCReaction, sans attendre que le char ne s'arrête (erreur de débutant). Le satané OT s'arrête justement dans l'hex du leader, et crache son venin contre le squad adjacent ! Mes coupeurs de bois ratent leur MC... Le char redémarre, passe au travers de soldats en déroute, atteint le dernier hex occupé, et tir en mouvement avec deux de ses mitrailleuses disponibles : 9 FP à 0, 1MC, break... La voix est libre...
Les camions s'élancent, passent au travers d'un residual de 1 sans égratignure, traverse les hexagones occupés successivement par mon leader et les squads broken, balançant quelques quolibets et autres crachats par les fenêtres ouvertes, et s'approchent de la sortie.
Le dernier camion atteint le dernier hex à 24 MP, et sort avec le 25ème et dernier disponible... Vous voyez pourquoi une épave en feu aurait été intéressante ?
Une sacrément chouette partie, où l'on s'aperçoit que le caractère psychologique de ce jeu ne doit échapper à personne.
J'en ai pris de la graine, et je l'ai mis en application dès le lendemain.
Merci à toi Bruno, ce fut une palpitante partie (la plus palpitante, à égalité avec... les autres
. Et quelle classe !