Front de Dinant, 12 mai 1940 - 17h00
L’avancée des troupes allemandes face au XIe corps d’armée constitue une réelle menace. La Meuse représente un obstacle majeur pour les assaillants et offre un net avantage a nos troupes.
Aussi, les troupes du génie ont reçu l’ordre immédiat et impératif de faire sauter le pont de Dinant face a la collégiale Notre-Dame de Dinant. Cet ordre doit être effectif à 16h00.
La défense de la rive Ouest de la Meuse sera assurée par le 66e RI dont les éléments avances sont déjà en position dans les communes de Dinant et de Bouvignes-sur-Meuse.
Les 1er et 2eme bataillon, assignes à cette tâche, ont subis des pertes importantes lors de la retraite vers la Meuse. Les compagnies, majoritairement composées de réservistes, ne comptent plus que 60% de leur effectif théorique en moyenne. La pénurie de cadres se fait également sentir, de même que le manque d’appui feu (mortiers légers en particulier).
Les forces allemandes progressant vers la zone de Dinant sont principalement constituées par la 7e PZD commandes par le General Erwin Rommel. En sus des moyens blindes inhérents à cette unité, elle possède des capacités de franchissement fluvial non négligeable.
La supériorité aérienne des allemands dans ce secteur ne fait aucun doute, même si l’état-major général nous indique pouvoir mettre à la disposition du front des unités aériennes d’appui au sol.
Des réserves blindées sont également acheminées sur les arrières du 66e RI et pourront intervenir dans la journée du 13 mai. D’ici-là, la priorité réside dans la défense de la rive Ouest de la Meuse et l’empêchement d’éventuelles tentatives de franchissement du fleuve. L/Colonel Degremont, 66e RI
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Les boches ont pris position sur la rive Est aux environs de 20h00 hier soir. Le pont de Dinant a sauté à 16h00. La nuit a été calme, uniquement troublée par les cliquetis d’armes et de matériel en provenance de la rive Ouest. Les hommes de la compagnie ont pris position à la lisière Est de Bouvignes, juste derrière le parapet de la voie ferrée. Si les allemands pointent leur nez par-dessus le remblai, ils seront chaudement accueillis. Les armes de soutien de la Cie et de la CA assurent la couverture du fleuve lui-même, du haut du château de Crèvecœur. Le S/Lieutenant Villeger encadre ce petit monde et est en liaison avec l’artillerie divisionnaire. Un beau comité d’accueil pour les allemands.
13 mai au petit matin. La brume couvre encore largement la vallée de Dinant et noie la Meuse dans une fichue purée de pois. Et puis soudain, les sifflets résonnent. Les boches attaquent. Les balles des mitrailleuses lourdes et les obus de 37 fusent par-dessus la voie ferrée. Les allemands répondent avec encore plus de force. Et poil ! Des obus d’artillerie survolent la ligne de front en direction de la falaise et du château en ruines. Les explosions se succèdent.
Quelques minutes plus tard, les premiers soldats allemands sont aperçus au travers des ponts qui coupent le talus de la voie ferrée. Les premiers soldats allemands sont sèchés sur place et contraints à une retraite précipitée. Un groupe d’enrages surgit sur la droite de la Cie ! Ils parviennent à s’emparer d’une maison au coin de la rue des Béguines et de la N96. J’ordonne une contre-attaque immédiate : le peloton désigne engage les boches en corps-a-corps. Les hurlements des blesses répondent aux provocations verbales des deux camps. Presque en même temps, un autre groupe surgit par le pont au centre, couvert par un nuage de fumigènes. Des sapeurs. Une charge explosive met un peloton de la 2e section en déroute. J’ordonne un repli sur la deuxième ligne de maisons, à l’Ouest de la nationale. Les combats continuent de faire rage sur ma droite. Les hommes ne flanchent pas et tiennent la ligne. Des blesses ensanglantés passent sous la fenêtre de la maison que j’occupe et s’éloignent vers la falaise. Bon dieu mais que fait notre artillerie ?!
Rien à faire, la pression est trop forte. J’ordonne le repli de la Cie sur l’église Saint-Hubert. Les allemands gardent leur distance. Quelques obus tombent devant nos lignes. Nos 80mm. Enfin. Mais trop tard. Aucun des gars engagés dans le combat rapproché ne revient de la ligne de front. Mes hommes font la jonction avec ceux de la 5e CIe, elle aussi en pleine retraite semble t-il.”
Aspirant Bouilleau, 5e Cie/2e Bataillon/66e RI
En langage ASL.
La 6e Cie a supporté le choc principal de l’attaque allemande.
Le tour 1 est un peu une sinécure pour les allemands : lourdes pertes lors de la traversée sous les coups du canon de 37 et de la MG positionnes dans les ruines du château de Crèvecœur et problème pour contacter l’OBA. Un SiG B sera même détruit sur la rive Est alors qu’il prenait position pour arroser la rive opposée : un joli tir du 37, malgré la brume et la distance, et le blindage trop fin du véhicule d’artillerie ne résistera pas à la percée de l’obus. Cela semble mal engage...
Au tour 2, la majeure partie des allemands atteignent la rive Ouest. Le combat d’infanterie va pouvoir être engage, alors que l’observateur allemand parvient enfin a faire pleuvoir la mort, pile poil sur les ruines de Crèvecœur, mettant tous les Français en déroute.
Tour 3, un premier CC est engagé en JJ13 mais les assaillants sont repoussés par les braves soldats Français. Cependant, les allemands lancent une autre attaque sur la droite de la Cie francaise et pénètrent dans la maison JJ15 (après un assaut mitige, un HoB et la création d’un héros, fort utile).
Tour 4, les allemand sont solidement installés à la lisière de Bouvignes-sur-Meuse. Les tentatives d’infiltration forcent les Français a reculer d’un autre hexagone vers l’Ouest. Le CC en JJ15 se poursuit, absorbant a chaque fois un squad supplémentaire et provoquant des pertes sensibles dans chaque camp. Mais les Français ne veulent pas abandonner leurs camarades, aussi la ligne tient-elle toujours, avec un jeu du chat et de la souris pour éviter les tirs a trop forte FP. Les allemands sont donc un peu a la peine et les résultats du CC donneront un avantage au camp qui l’emportera. A noter que l’OBA de 80mm allemande continue de mettre la pression sur les arrières de la Cie francaise : les soldats qui défendent les ruines de Crevecoeur peinent à rallier et restent sous le feu de l’ennemi, privant les sections d’infanterie de tout appui.
Tour 5, rien de significatif. L’OBA allemande ne cause pas de dégâts, les adversaires s’évitent dans Bouvignes-sur-Meuse. Le CC se poursuit, et après avoir hésité à se retirer, les Français décident de poursuivre le combat et bien leur en fait : un HS et le héros allemands sont éliminés sans subir de pertes du côté Français ! Mince, j’ai oublié le Heroic DRM... Le squad Français est réduit lui aussi.
A noter qu’a la suite des tirs d’artillerie allemands, le feu prend derrière le château de Crèvecœur.
Tour 6, l’artillerie allemande de 80mm continue son pilonnage de Crèvecœur. Les quelques soldats Français présents déroutent. En contrebas, dans les rues de Bouvignes, la situation se détériore lentement mais surement. Les allemands sont de plus en plus nombreux et s’infiltrent sur les flancs. Le CC se poursuit (4/1 raté en CC allemand et Français !) mais les survivants se comptent sur les doigts d’une main. La pression sur la 5e Cie devient intenable, ordre est donné de reculer en bon ordre vers l’église Saint-Lambert et la rue du Cardinal Mercier. Le mouvement s’effectue sans difficulté particulière en profitant du couvert.
Tour 7, les allemands sont plus circonspects. Les obus de repérage de l’artillerie francaise tombe dans les rues de Bouvignes-sur-Meuse. La ville est pour moitié tombée entre les mains des allemands. Les soldats Français axent leur défense sur l’église de Saint-Hubert. La 6e Cie a perdu 20% de ses effectifs de départ.
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Quelle chianli ! A peine deux heures que Boulanger, le chef de bataillon, nous a distribué nos ordres, et nous voilà dans le secteur le plus pourri du régiment : un terrain plat face à la Meuse, avec quelques maigres bâtisses pour s’abriter et 3 casemates miteuses. Tout ça le dos à la falaise, avec des voies de retraite bien exposées aux tirs venant de la rive Est. Le lieutenant Désert s’est installé dans la casemate à la sortie de Bouvignes-sur-Meuse avec la 1ère section. Je commande la 2ème section renforcé par un peloton de la 3èm et doit défendre le centre du dispositif avec une autre Hotchkiss et un canon de 37. On me dit qu’un mortier de 81 nous surplombe et couvrira le fleuve et la rive Ouest. Sans trainer, j’ai ordonné aux gars de remettre en état la tranchée qui mène au bois derrière nous : je préfère assurer nos arrières. Les tirs croisés des 3 casemates devraient toutefois poser des problèmes aux boches s’ils veulent poser leurs bottes à tiges sur cette rive. On verra bien.
Nuit agitée. Matin bouleversé par les sifflets des officiers allemands en face de nous et par les tirs des mitrailleuses. C’est un déluge de feu qui s’abat sur la position de Désert. On dirait que cent mitrailleuses crachent des milliers de projectiles d’acier ! Un coup d’oeil par la porte de la casemate : les gars de la 1ére prennent cher. J’en vois qui tentent de fuir dans les tranchées tandis que le Lieut faire parler sa Hotchkiss. Les canots des boches sont cernés par les balles et les obus malgré la brume qui gêne la visibilité. En voilà un qui prend une rafale : le caoutchouc s’écrase comme un soufflé trop vite sorti du four. Des cadavres surnagent et sont emportés par le courant. Mais d’autres suivent. En voilà un qui touche la rive. Les occupants sont aussitôt cloués au sol. Des corps s’affalent. Mais rien ne les arrête. Ils forcent le passage les bougres. Un groupe emprunte même la digue. En amont, des tirs les forcent à se jeter à l’eau. Quelle gageure. Désert tient bon mais c’est maintenant l’artillerie qui s’en mêle.
La casemate du centre est assaillie. Voile de fumigène sur le talus de la voie ferrée. Les boches attaquent la position par l’arrière. Le peloton en réserve est impuissant à les arrêter. Pire ! Il part en sucette ! S’en est trop. Si je ne veux pas subir le sort de mes camarades, je dois ordonner d’abandonner la position. Pas le temps de démonter la Hotchkiss. Nous sortons de ce piège à cons et nous précipitons dans la tranchée. La veine résistance de nos camarades dans la casemate nous permet cependant de fuir, les allemands sur nos talons. Le mortier de 81, alerté par la situation critique, protège notre course. Nous atteignons les bois au pied de la falaise. Je presse les hommes. Les balles sifflent à nos oreilles et nous forcent à courir le long de la paroi, protégés par le rideau d’arbres. L’artillerie allemande s’acharne sur la casemate de Désert. Du 100mm.
Arrivés aux abords de la rue de Meez, j’ordonne à mes hommes exténués d’organiser une ligne de défense. Les gars s’allongent derrière les arbres et placent la Hotchkiss dans l’enfilade de la falaise. J’envoie un peloton soutenir la 1ère section. Tout au moins ce qu’il en reste. L’artillerie allemande s’est déplacée. J’entends que les boches ont investis la tranchée qui mène à la position du Lieutenant. Aucune nouvelle de l’officier. Nous faisons la jonction avec la 5ème compagnie.
J’ai l’amère sensation que notre mission a échoué. Il va falloir se battre pour l’accès au plateau.”
S/Lieutenant Bonnaud, 5e Cie/2e Bataillon/66e RI
En langage ASL.
Difficile de faire autrement que de placer une partie du dispositif du 2ème bataillon dans cette nasse entre Bouvignes-sur-Meuse et Dinant. Peu de couverts si ce n’est quelques maisons dos au mur, ou plutôt dos à la falaise. Les casemates permettent toutefois de battre un large no man’s land sur la rive Ouest de la Meuse (1 à 2 hexagones entre la passerelle effondrée NN18-OO19 et l’écluse. Les tranchées allouées dans l’OB initial permettent de tracer une ligne de retraite vers les bois qui mènent à la route de Meez. Mais cela reste définitivement une position moisie, sous le feu de la rive Est.
Tour 1 et 2, la 5ème compagnie subit. Entre l’artillerie de 100mm qui labourent la terre autour de la casemate Nord (KK21), les tirs mortels d’un nid de MG allemandes (28FP) qui balayent minutieusement les tranchées et l’arrivée de pièces d’artillerie de 105 (difficile à acheminer et à mettre en position toutefois) et d’obusiers de 150 (dont un sera donc détruit rapidement heureusement). L’arrivée de Rommel au tour 5 a apporté un DRM –2 au nid de MG mais il n’a pas eu l'occasion d’en faire usage.
Tour 3, malgré des pertes conséquentes lors de la traversée, les allemands parviennent à investir la casemate au centre. Menacée d’être contournée, les réserves démoralisées, les occupants de la casemate au sud verront leur salut dans la fuite et ils ne s’arrêteront qu’une fois la route de Meez atteinte : une défense bien lâche, mais c’était cela ou bien perdre la totalité de la section et les armes de soutien en prime, bien qu’un 37 ait été abandonné dans la casemate au centre. Celle au Nord sera rendue muette très rapidement et au tour 5, les sapeurs allemands viendront dire la messe au leader 9-1 qui sert encore derrière la mitrailleuse.
Un déluge de feu. Un kill stack de 28FP au centre du dispositif allemand aura mené la vie dure à la 5ème compagnie. L’OBA de 100mm est intervenue très vite et aura réalisée un excellent travail également. Des obus mettront toutefois le feu aux bois en HH22, rendant plus difficile la poursuite des troupes françaises. A noter la belle performance d’un mortier de 81 HIP sur les hauteurs, avec spotter HIP lui aussi : malgré des DRM de fou et une brume handicapante les 3 premiers tours, le binôme a peut-être sauvé la mise à bon nombre de soldats français lors de leur repli. Sans compter des canots pneumatiques joyeusement coulés avec leurs occupants.
Les renforts allemands, qui sont rentrés par la route A, n’auront pas le temps de venir appuyer leurs Kameraden, job done.
A noter que la digue de l’écluse, bien que peu large (2 hexagones), est un vrai traquenard : les MG du 1er bataillon du 66è RI ont fait des cartons et un seul squad allemand est parvenu sur la rive Ouest intact, les autres finissant DM la gueule dans l’eau ou pire, dans un bouillon de sang dilué dans la Meuse.
Néanmoins le 2ème bataillon a fait bonne figure et je suis fier de nos soldats. Après le premier choc, très brutal, les unités se sont repliées en bon ordre et ont gardé une cohésion parfaite qui n’a pas permis aux allemands de s’infiltrer malgré leurs efforts dans Bouvignes-sur-Meuse et au sud de la ligne du bataillon. Les assaillants accusent un taux de perte presque 2 fois supérieurs aux défenseurs français en dépit du déluge de feu qui s’est abattu dès le 1er tour sur leurs positions.
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La rive Est parait si proche que j’ai l’impression qu’en tendant simplement la main je pourrais caresser le parvis de Notre-Dame de Dinant. Si les allemands sortent des maisons en face, ce sera un carnage pour eux. Les Hotchkiss de la compagnie d’appui et de la 2ème compagnie dominent toutes deux la Meuse, du centre de Dinant jusqu’à l’écluse. Pas un alevin pourrait survivre plus d’une minute si nous ouvrons le tir. Les 1ére et 2ème sections sont étalées le long de la rive Ouest, camouflées derrière les fenêtres et les embrasures de portes. La 3ème section est en réserve mais s’est offerte de bonnes positions de tirs pour participer à la curée. Le bataillon bénéficie aussi du soutien d’un mortier de 81 planqué sur les hauteurs.
Laland et Diennet, de la 1ère compagnie, assure la défense de l’entrée Nord de Dinant et font la jonction avec le 2ème bataillon. Et mon ami Ballereau, de la 3ème compagnie, m’a fait dire qu’ils ont reçu l’ordre de monter au front dès que possible.
Rien à craindre donc.
C’est ce que je pensais en tout cas. Jusqu’au déclenchement de l’assaut allemand. Ca a commencé par un bombardement aérien sur Bouvignes-sur-Meuse. De notre position, on a bien vu les avions boches déverser leur poil sur les positions des copains. Des Dornier 17. On pouvait nettement voir leurs croix noires sous leurs ailes quand ils larguaient leurs œufs maudits. Tout le reste est allé très vite. On a vu des canots partir de la rive Est et j’ai aussitôt ordonner de tirer à volonté. Ah oui, on en a coulé quelques-uns de ces enfants de salauds. Mais saperlipopette, c’était rien qu’une diversion cette mascarade. Les gars du 2ème ont morflé pendant que nous on attendait notre combat à Dinant. On a tous fini l’arme au pied quand une estafette est arrivée en sueur pour nous annoncer que les boches avaient pris la moitié de Bouvignes et que les casemates au centre avait été emportées. Ici, le 66e RI a été rebaptisé de “sans tabac” à... “sans combat”. Quelle misère mazette.”
Lieutenant Trichet, 1e Cie/1er Bataillon/66e RI
En langage ASL.
Au centre de Dinant, face à la collégiale Notre-Dame, la Meuse a tendance à se resserrer et offre des possibilités de franchissement plus rapide (2 hexagones au lieu de 3 plus au Nord). Les couverts sur la ligne de départ permettent de former de beaux gros FP bien gras. Tentant. Très tentant. Mais d’un autre côté, les défenseurs sont eux aussi avantagés par les murs en pierre des maisons de bourg qui doivent être prises d’assaut dès la rive atteinte. J’aime bien prendre des risques, mais mesurés quand même.
Puisque les français n’ont pas de canots et ne savent pas nager, le 1er bataillon du 66e RI ne fait face qu’à un observateur d’artillerie jugé bien évidemment tout en haut du plus haut clocher de Notre-Dame. Inutile d’essayer de le déloger avec une FP insuffisante d’autant que malgré tout, les Hotchkiss et les 37 de la compagnie d’appui et des 1ère et 2ème combinées ont fait un bon boulot dans l’ensemble en pilonnant les cibles lointaines qui leur étaient présentées. L’attaque de diversion a certes débouché sur la prise de quelques maisons sur la rangée LL34 à LL37 mais les allemands n’ont jamais pu s’en extirper malgré l’appui de deux nids de MG délivrant chacun 12 FP.