ASL, même en SK, ce n'est pas comme le vélo ; cela s'oublie ! Enfin, peut-être pas quand on y joue depuis 20 ans, mais ce n'est pas (encore) mon cas ! Reprise aujourd'hui même de nos sessions "découvertes" avec l'ami Isangeles après une pause de trois semaines liée aux vacances et à nos agendas personnels. Un retour plutôt difficile, avec un premier tour assez lent (même si cela doit aussi se regarder par l'intense réflexion tactique qui fut mienne !) et émaillé d'erreurs de règle grossières (comme un squad allemand qui avance tout tranquille au corps-à-corps pendant la phase de mouvement... j'en ai encore grand honte !) que nous avons heureusement vite rectifié avant qu'elles n'impactent la partie. Tout cela pour dire que c'est un système qu'il faut pratiquer, pratiquer, et encore pratiquer pour ne rien oublier !
Néanmoins, cette douloureuse remise en route a vite cédé la place à du pur plaisir ludique alors que s'enchaînaient les évènements tout autant héroïques que dramatiques dans notre "petite" Stalingrad virtuelle. Un climax haletant que je vais tenter de vous faire vivre.
Tour 5 - AllemandsNous avions laissé "mes" allemands un peu plus enhardis mais encore bien loin de leurs objectifs lors de notre dernière session. Ils avaient en effet (enfin !) réussi à bousculer la première ligne russe, à prendre pied dans les bâtiments les plus à l'ouest du champ de bataille, à éliminer deux leaders soviétiques et une poignée de conscrits (au prix d'un groupe d'élite !), et globalement à commencer un enveloppement par le sud. Pour autant, je n'en étais pas moins sceptique quant à mes chances de victoire avec deux positions retranchées adverses à enlever en deux tours. Mais même perdu pour perdu, il me fallait poursuivre l'assaut sous peine d'encourir les foudres de Berlin. Alors ainsi soit-il !
Le tour commence par mes hommes qui parviennent à réparer la mitrailleuse moyenne qui venait de casser ; sa position est moins déterminante maintenant que la ligne de front a reculé mais c'est toujours ça de pris ! A l'inverse de la fiable mécanique allemande, mon leader brisé, lui, ne se reprend pas... tout comme les conscrits russes abandonnés à leur sort par leurs officiers, le cul bien planqué en deuxième ligne.
Mes tirs d'appui toujours concentrés sur les deux positions de mitrailleuse ennemies qui protègent l'accès nord du bâtiment principal éliminent quelques russes déjà ébranlés, mais leurs petits camarades en pleine forme, eux, tiennent bon. J'aurai préféré l'inverse !
Ceci étant posé, et le nord étant toujours inexpugnable, c'est au sud que nous allons concentrer nos efforts. Vous vous souvenez de Schneider ? Ce brave natif de Dortmund que rien ne prédisposait à devenir un héros de guerre et qui s'est révélé quelques minutes auparavant lors d'un corps-à-corps acharné dans un immeuble en ruine ? Eh bien tout auréolé de son nouveau prestige, ce dernier encourage ses collègues à le suivre en direction du bâtiment central, clef de voute du dispositif russe. Malin, il a repéré une approche à l'abri des tireurs ennemis en se faufilant derrière un autre immeuble ; il y a juste un petit découvert à franchir... à peine une quarantaine de mètres sous le feu d'une MMG russe ! Une broutille pour notre (nouveau) héros !
Les fumigènes échouent (bon, 1 chance sur 6 de les poser, on ne va pas faire la fine bouche), les allemands s'élancent, se font cueillir dans "l'open ground", le squad break... mais pas Schneider qui poursuit sa route, résiste à un nouveau tir dans sa direction, et se réfugie dans un petit bois repéré préalablement d'où il fait des grands signes aux moins courageux pour que ces derniers le rejoignent (ce qu'ils feront en phase de déroute).
Cette manoeuvre périlleuse ayant attiré le feu ennemi, une deuxième groupe de combat allemand emmené par un excellent (mais néanmoins anonyme) leader (9-2) s'élance à son tour, passe "dans le dos" de leurs petits copains en train de ramper sous les balles, et atteint au prix d'un double effort la bâtisse voisine de la stalinka âprement défendue.
Enemy at the gates ! Comme dirait l'autre...
Devant cette menace, les russes retournent précipitamment l'une de leur DP-27 couvrant le nord du périmètre... mais la manoeuvre trop hâtive provoque l'enrayement du mécanisme de tir. Et de fait, offre une superbe opportunité à un autre groupe de combat allemand, toujours emmené par un leader, pour réussir une longue course de contournement par le nord qui l'amène à portée de l'objectif le plus éloigné. Inespéré !
A l'ouest, les Sturmpioniers avancent implacablement de bâtiment en bâtiment en éliminant sans aucune pitié les jeunes recrues communistes, épuisées, démoralisées... sacrifiées ? Néanmoins, comme depuis le début des combats, ces patriotes vendent chèrement leur peau ; un squad de sapeurs allemands est repoussé alors qu'il s'approchait pour positionner une charge de démolition. Chaque immeuble, chaque étage, chaque pièce est un combat...
Intense !
Mis sous pression, les soviétiques font feu de tout bois... et cassent leur deuxième LMG au nord qui se tait soudainement, le canon rougit par la chaleur.
Un silence soudain tombe sur les combattants... prélude à la tempête finale !
Tour 5 - RussesLes russes refusent de céder le moindre bout de la cité de Staline, et ce alors même que leurs machine guns fatiguées restent insensibles aux manipulations, aux prières et aux injures de leurs servants.
Il n'y aura pas de skulking (possibilité pourtant rappelée à mon partenaire), pas de manoeuvre ; juste le désespoir de quelques courageux slaves, accrochés à leur terre, qui tentent à coup de fusils de repousser l'envahisseur. Mais les allemands sont trop bien abrités derrière les solides murs de pierre de ce qu'il reste des immeubles du quartier.
Et ce sont au contraire les soldats du Reich qui ripostent férocement, concentrant une importante puissance de feu (FP 20) sur l'une des positions fortifiées au nord du périmètre. Cette fois-ci, ce ne sont plus les conscrits soviétiques qui cèdent mais bel et bien les troupes de 1ère ligne de la 62ème Armée.
Piégés comme des rats, les dernières recrues de l'Armée Rouge encore en état de se battre s'étreignent virilement une dernière fois... et chargent les sapeurs allemands tout proches !? avant que ces derniers ne viennent les débusquer. Totalement surpris par la manoeuvre, et malgré leur supériorité, les soldats d'élite peinent à l'emporter et une mêlée indécise et sans issue s'engage.
Tour 6 - AllemandsTout est encore possible ! Oui, ce sera dur. Oui, il me faut un sacré coup de chance. Mais oui ce quartier de Stalingrad peut encore être miens. C'est impensable ! Et pour réussir ce "coup de rein" décisif, je peux m'appuyer sur l'ensemble de mes forces, mes leaders ayant rallié leurs troupes. Il faut porter l'estocade, mais attention car la "bête rouge" est loin d'être vaincue même si elle a perdu ses crocs ! Car oui, cette fois-ci, c'est au tour d'Isangeles d'être trahi par son matériel ; ses deux mitrailleuses qui m'empêchent d'avancer (quasi) depuis le début restent inopérantes malgré ses efforts.
Les tirs d'appuis, peu nombreux car j'ai besoin d'un maximum de manoeuvres, ciblent le dernier "strong point" nordique où un groupe de soviets de 1ère ligne peut encore m'embêter ; ils résistent... alors que leurs camarades déjà brisés sont réduits. Tant pis, il faudra courir sous le feu ennemi !
Deux immeubles à prendre, deux objectifs pour la victoire...
Commençons par le bâtiment le plus à l'est, solidement gardé par les troupes de choc arrivées en renfort et qui, soyons honnête, n'ont pour le moment pas fait montre d'une grande combativité.
Mon "groupe nord" s'élance donc ; un squad (et sa LMG) et un leader (8-0) traversent une première rue, résistent au premier tir défensif, se faufilent entre deux maisons... et se font balayer à quelques mètres de l'abri qu'ils tentaient d'atteindre par deux groupes de soldats de choc de l'Armée Rouge. FP 10 à -2... c'est un carnage ! Lorsque les tirs cessent, il n'y a plus un allemand debout ! Même la mitrailleuse portée par le groupe git au sol, déformée par les impacts de balles !
Est-ce que tout est déjà fini ?
Non ! Schneider, qui s'était fait oublier dans son bosquet et qui a rallié son groupe, peut espérer atteindre l'objectif au prix d'une course effrénée. Alors il s'élance à son tour sans se poser de question à la tête de son unité. Le groupe cavale derrière un immeuble, en traverse un autre sans même ralentir, s'engage dans la rue qui mène à l'objectif, essuie sans sourciller le feu d'une LMG soviétique encore fonctionnelle maniée par les troupes de choc, et poursuit sa progression, toujours visé par de multiples tirs. Et puis d'un coup, Schneider craque ! Il tombe à genou au milieu de la chaussée, de la poussière et de la mitraille, le visage crasseux, les yeux et la bouche grands ouverts... comme s'il réalisait soudain l'absurdité de tout ceci. Ses hommes s'arrêtent, interloqués... eux qui étaient prêts à le suivre jusqu'en enfer ! L'objectif est pourtant là, tout près, à 40 mètres ! Il n'y avait plus qu'à sauter dans le bâtiment juste à droite pour ensuite attaquer les russes au corps-à-corps !
Tellement près... et pourtant tellement loin !
"
Tout est foutu !" lâche Schneider dans un murmure...
...
Oui, la victoire ne sera pas allemande ! Schneider l'a compris et moi aussi. Mais malgré tout...
Avec un cri de rage, les allemands au nord des positions russes et qui n'avaient pas encore osé franchir la rue du fait des mitrailleuses ennemies s'élancent pour un ultime assaut. Un groupe de soldats de 1ère ligne se fait "clouer" au milieu de la route, mais sur sa droite quelques sapeurs parviennent malgré les tirs des défenseurs à balancer une charge de démolition sur un immeuble tenu par l'ennemi (enfin !). Le terrible engin explose... et rien ! Nada ! Que tchi ! Sous la pression du feu adverse, les Sturmpioniers ont réussi à manquer les ouvertures pourtant béantes du bâtiment et la charge n'a fait que noircir la façade ! Tant de risques pour un résultat aussi minable, c'est à pleurer ! (pour l'anecdote, j'ai lancé un magnifique "11" sur cette attaque pourtant (quasi) immanquable !).
Néanmoins, ce dernier coup de boutoir n'est pas sans conséquence pour les russes. Pas moins de trois squads soviétiques démoralisés disparaissent, incapables de dérouter... la faute (ou plutôt grâce) à mon "groupe d'assaut sud" qui, de sa position, les empêche de reculer loin de mes unités au contact. Sacrées pertes pour l'ennemi, bien que trop tardives pour inverser le cours de la bataille. Ce "groupe sud" s'offre même le luxe de pénétrer dans le bâtiment central ; oui, je ne l'emporterai pas mais au moins j'y aurai mis un pied, en éliminant au passage encore une poignée de "popov" au corps-à-corps.
A l'ouest, mes fantassins d'élite viennent à bout des impressionnants conscrits russes.
Tour 6 - RussesParadoxalement, je pourrai encore l'emporter ! Il faudrait que mes deux groupes de combat présents dans les bâtiments objectifs contestés (car oui, j'ai fini par y arriver !) éliminent tous leurs adversaires lors de la Defensive Fire Phase par exemple (ou qu'ils viennent se faire "détruire" en close combat). Bien évidemment, cela ne se produira pas et cela aurait été de toute façon peu mérité !
Pour l'anecdote, Schneider réussit son dernier self-rally ; il ne m'aura lâché que peu de temps, mais malheureusement au plus mauvais moment !
Les derniers tirs des défenseurs à bout portant "brisent" les équipes d'assaut qui étaient tout proche des objectifs ; les allemands doivent retraiter hors de ces bâtiments clefs. Enfin, un tir défensif allemand élimine un squad "broken" surpris à découvert après un "law crawl".
Les positions finales sont les suivantes :
Et les pertes finales sont celles-ci :
Comme on peut le constater, les conscrits russes ont payé un très lourd tribu pour la défense de Stalingrad, mais leur résistance héroïque a largement contribué à retarder mon offensive ; une offensive par ailleurs commencé beaucoup trop mollement et qui n'a jamais pu rattraper son "retard à l'allumage" malgré une tournure (très) intéressante à compter du tour 3. Une fort belle partie, légèrement frustrante au début, qui s'est soudainement emballée lorsque les lignes soviétiques ont commencé à flancher. J'ai eu ma chance presque jusqu'au bout malgré mon départ, mais au delà de gagner ou de perdre... quel panard ! Il s'est passé tellement de choses, tellement d'actions improbables, de moments de bravoure inattendus ou au contraire de déveines impossibles à prédire, le tout formant un récit de guerre épique que l'on pourrait croire sorti de la bouche d'un vétéran.
Vraiment incroyable comment ce jeu peut "transporter".
La semaine prochaine, nous prendrons la direction d'Aix-la-Chapelle où les américains, joués par Isangeles, tenteront d'emporter le bastion qui a vu naître l'empire germanique. J'ai trop trop hâte !