Amis linguistes, bonjour !
Petite précision sur l'expression "L'Eternel des Armées".
YHWH Tseva'oth est une construction étrange en hébreu : le génitif attaché à un prénom n'est pas grammaticalement licite.
Il faudrait donc traduire : YHWH-Armées (un peu comme si le second terme était un adjectif).
YHWH est un prénom dont on ne connaît pas la prononciation exacte, car l'hébreu était à l'origine consonantique et on n'y a précisé la vocalisation qu'entre le 5e et 10e siècles de notre ère. À cette époque, par crainte de prononcer le nom divin, les Juifs substituaient déjà depuis des siècles le terme "adonaï" (seigneur).
Quand la vocalisation a été créée, les Massorètes ont combiné les voyelles d'adonaï avec les consonnes de YHWH, ce qui donne Ya/eHowaH (le premier a est une voyelle courte qui se transforme en e - l'hébreu a ses complexités).
D'où l'hybride Jéhovah, qui n'a pas de base orthographique justifiable : quand un juif lit cette combinaison, il continue à dire "adonaï".
Quant au sens de YHWH, il s'agit d'un prénom - peut-être apparenté au verbe être (hayah).
Donc la traduction "l'Eternel" ne rend pas très bien l'idée d'un prénom et se présente comme un descriptif approximatif d'une spéculation de sens.
Dès le 2e siècle av. J.-C., la traduction grecque dite de la Septante, substituait "kurios" à YHWH - ce que fait aussi le Nouveau Testament. Le terme signifiant "seigneur" (une traduction directe d' "adonaï").
On retrouve ce terme dans le seul élément grec subsistant dans la messe latine :
kyrie eleeison (Seigneur aie pitié de nous).
Par ailleurs, Tseva'oth désigne l'univers (les étoiles sont l' "armée des cieux").
Donc la traduction "des armées" peut prêter à confusion - d'autant que bien des pouvoirs politiques ont utilisé l'argument "Dieu" pour leurs entreprises guerrières (sans trop demander à l'intéressé sa permission).
Bon, j'arrête ici ma leçon d'hébreu, c'est shabbat et ma femme m'attend à table.