The Failure of Firepower
Schwerpunkt propose donc UN "gros" article au lieu de 2 petits.
C'est un bon choix car on a alors un sujet bien mieux traité.
Le choix se porte alors sur l'armée française de 40.
Petite précision avant de commencer, le thème de l'article ne conditionne en aucun cas le sujet des scénars présents dans le numéro.
Par exemple, pour ce numéro 4, un seul scénar traite de la campagne de 40... et met en jeu des britanniques!
De même, il n'apporte aucun conseil quand à l'emploi des troupes françaises à ASL, seulement une analyse historique.
Mais voyons comment Brook White analyse l'armée française (et sa défaite) de 1940.
Cet article est assez complet, analysant l'histoire, la politique et, bien sûr, l'aspect militaire.
Sans surprise, le constat est assez dur, mais on ne peut vraiment contredire celui-ci.
L'auteur fait un boulot sérieux et prône même de renforcer certains aspects (broken Morale, ELR) au début de la campagne et rappelle par ailleurs que le soldat français n'est pas moins courageux, mais doit faire avec une organisation rigide et s'adaptant mal aux événements.
L'auteur se concentre sur l'organique, mais que jusqu'au niveau divisionnaire, et le compare à l'allemande. L'autre point analysé est la méthode et la théorie appliquées.
Sur ce dernier point, l'auteur me semble taper juste en soulignant la rigidité de la "Bataille Méthodique" et l'objectif tactique qu'est la destruction de l'ennemi par le feu. Là on est d'accord.
Par contre, sur l'analyse organique, le manque d'ouverture de champ fait perdre quelques éléments de réponse (sans que cela ne change malheureusement quoique que ce soit au constat d'échec).
Organiquement, la division française manque parfois de coffre et d'intégration interarmes, mais cela fait partie de l'organisation de l'armée française.
Alors même que l'auteur s'étonne de la centralisation de certaines unités autonomes par rapport à l'intégration plus complète des divisions allemandes.
Sauf que la bataille méthodique appelait à la planification de celle-ci et donc d'allouer les unités dépendant du commandement (artillerie notamment, mais aussi bataillon blindés avant 1939) aux divisions en ayant besoin.
De même la gestion interarmes se retrouvent à un niveau plus élevé. Si la DCR manque d'infanterie, c'est qu'elle doit combattre en appui des DI et non seule. Idem pour l'aviation qui doit reconnaître pour le reste de l'armée.
Tout ceci nécessite un travail d'état-major intense et, gros point noir en 40, des communications fiables et rapides. Evidemment rien de tout cela ne sera possible et le commandement sera très vite dépassé par le rythme de la campagne. Les unités allemandes, plus polyvalentes et autonomes, possédant des commandants rompus au commandement de l'avant vont être bien plus à l'aise.
Etonnamment, ces points ne sont pas relevés par l'auteur alors même que l'armée américaine est fortement inspirée du modèle français, avec notamment une culture d'état-major. La grosse différence viendra de l'analyse de la campagne de 40 par les officiers US et qui permettra de corriger les faiblesses d'organisation de leur armée.
D'autres points montrent aussi que l'auteur ne maîtrise pas tous les détails. L'importance accordée aux unités de FT17 est disproportionnée, elles étaient plus attachées à un secteur qu'à une unité mère et certaines seront même employées uniquement en barricades vu la faible valeur des engins.
Plus subtil pour un étranger, la dissension entre armes dans l'armée de 40, pourquoi des DLM et des DCRs distinctes et non intégrées entre elles? Tout simplement parce que les premières dépendaient de la cavalerie et les secondes de l'infanterie.
Pourquoi pas plus d'armes performantes sur les engins blindés français? C'était prévu (d'où le 37 SA38, étonnamment passé sous silence dans l'article), mais pas encore suivi d'effet (les 47mm avaient par contre été déjà remplacés). L'auteur se trompe aussi sur la capacité des DIM, la motorisation est en fait relative car les camions ne lui appartiennent pas en propre, conséquence encore de la planification de la bataille méthodique, idem pour la centralisation des excellents 47AC au niveau divisionnaire, mais qui devaient être ventilés selon les besoins.
Néanmoins, tous ces petits détails sont accessoires car, au final, c'est bien la doctrine française qui fut pris en défaut, la planification face à l'adaptation.
En ce sens, l'auteur décrit bien le cadre de la campagne de 40 et pose les bonnes questions, même si il lui manque quelques éléments de réponse quand on part dans le détail.